Le 22 novembre 2020
L’écrivaine québécoise Élise Turcotte nous offre un roman habité par l’inquiétude. A lire d’un trait.


- Auteur : Élise Turcotte
- Editeur : Le Mot et le Reste
- Genre : Roman
- Nationalité : Canadienne
- Date de sortie : 3 septembre 2020

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Résumé : Une auteure féministe se retire dans un chalet afin d’échapper au cyberharcèlement et d’écrire un témoignage. Peu à peu, la peur s’installe, donnant au roman une atmosphère menaçante.
Critique : Une auteure féministe trouve refuge dans un chalet en forêt après avoir été victime de harcèlement en ligne et confrontée à l’aveuglement de sa famille concernant le comportement agressif de son beau-frère. Dans cet éloignement temporaire, elle espère trouver la bonne distance pour laisser venir les mots à elle, les mots justes et vrais qui disent la violence sociale et familiale, et dénoncent une forme d’intimidation insidieuse envers les femmes, visant à les réduire au silence au nom de la paix domestique et extérieure.
Par ailleurs, la solitude s’avère le meilleur remède pour se réapproprier son corps et ses pensées ; la narratrice y puisera la force de sa résistance face au déni, à la déformation des paroles, au soupçon et aux discours radicaux. Mais une inquiétude teintée de paranoïa la gagne lorsqu’une tempête de neige se lève et qu’elle pressent que la cabane voisine de la sienne est étonnamment habitée.
Élise Turcotte imprime à son intrigue une atmosphère oppressante et menaçante qui nous tient en haleine jusqu’au bout. Dans le silence de la forêt, passé et présent se confondent parfois en une confusion accentuée par la peur et les cauchemars, le flux de conscience charrie les discours acrimonieux qui poursuivent l’héroïne jusque dans sa retraite, réveillant l’angoisse pour sa sécurité et pour celle de son neveu, enfant maltraité par un père sadique et misogyne.
La noirceur s’exprime via une écriture poétique, au plus près des sensations du personnage tourmenté par les conséquences de la création littéraire, mais persuadé de l’importance du témoignage et du pouvoir de l’écrit.
158 pages - 15 €