Hybride
Le 5 avril 2021
Le plus réussi des trois westerns tournés par Lang lors de sa période américaine, L’ange des maudits intrigue par sa capacité à intégrer des éléments typiques de son inspiration dans un paysage de cow-boys.


- Réalisateur : Fritz Lang
- Acteurs : Marlene Dietrich, Mel Ferrer, Arthur Kennedy, Jack Elam, Francis McDonald, George Reeves, Gloria Henry, William Frawley, Frank Ferguson
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Swashbuckler Films
- Durée : 1h29mn
- Date télé : 16 avril 2025 20:50
- Chaîne : TCM Cinéma
- Reprise: 29 mars 2011
- Titre original : Rancho Notorious
- Date de sortie : 3 avril 1953

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Résumé : Une jeune femme est violée et tuée par un brigand que Vern, son fiancé, va rechercher dans tout le pays. De rencontre en rencontre, Vern se retrouve chez Altar Kean, une ancienne chanteuse de cabaret qui tient un ranch où elle héberge les hors-la-loi. Là, il retrouvera le meurtrier de sa fiancée mais, ayant séduit Altar, les choses se compliquent.
Critique : Le film de Lang prend certes la forme du western mais présente également de nombreux éléments du film policier et n’est pas si éloigné des films noirs qu’il a pu réaliser durant son exil américain : il est construit à la manière d’une quête, dans laquelle le héros se lance à la recherche d’un meurtrier dont il ne connaît rien et par laquelle il se découvrira aussi à lui-même. Or, le premier roman policier n’est-il pas censé être l’histoire de Œdipe ? D’où aussi de nombreux rapports au théâtre grec classique, et surtout ce chœur omniprésent, que Lang a voulu musical : bien plus qu’un thème récurrent, la musique redondante de Chuck a Luck va ainsi nous guider pas à pas dans les cheminements, externes et internes, du personnage de Vern, et nous conter avec emphase les différents paliers de sa démarche.
La fin du film peut également rappeler le mythe grec : Vern, croyant qu’il atteint son point de délivrance, provoque malgré lui la mort d’une femme qu’il a ou aurait pu aimer ; ne reste plus qu’à se crever les yeux dans ces conditions. Ce que, n’en doutons pas, le héros fera hors champ, d’une manière ou d’une autre, nous privant par là de ce bienfait qu’offrent les westerns traditionnels où meurent les méchants pour laisser renaître un monde qui nous agrée.
Pourtant, c’est bien d’un western qu’il s’agit et jamais on n’a l’impression d’assister à un film où le cinéaste plaquerait ses thèmes favoris (celui des sociétés secrètes par exemple, présent ici comme dans nombre de ses œuvres) sur le genre. Bien au contraire, Lang les y introduit tout naturellement et c’est ce mélange qui surprend et intrigue, entre respect des codes et singularité cinématographique.
– Dans le cadre de la rétrospective Fritz Lang en Amérique