Contes occitans
Le 23 juin 2011
Marie-Claude Treilhou retrouve la temporalité ancestrale du conte pour cette plongée savoureuse dans le monde paysan occitan.

- Réalisateur : Marie-Claude Treilhou
- Acteurs : José Pech, Térence Le Deschault de Montredon, Christian Conojero
- Genre : Comédie dramatique
- Date de sortie : 10 février 1988

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– Durée : 1h 35mn
Marie-Claude Treilhou retrouve la temporalité ancestrale du conte pour cette plongée savoureuse dans le monde paysan occitan.
L’argument : Dans un petit village des Corbieres, un grand-père raconte a son petit-fils cinq contes de son repertoire. Le premier suit trois jeunes gens partis a Paris pour apprendre le francais. "Le Maire de Quillan" raconte comment un cochon est devenu maire du village. "Le Moine change en âne" est une histoire à quatre personnages ou l’âne et le moine n’en font finalement qu’un. "L’Ane qui a bu la lune" est une histoire facetieuse qui brode sur le quiproquos. Enfin le dernier, "Carnaval", est l’histoire d’une jeune femme morte il y un an qui vient chercher son amoureux.
Notre avis : Après Simone Barbès et la vertu (1979), le court-métrage Lourdes l’hiver, Une sale histoire de sardines (1983) et le documentaire Il était une fois la télé (1985) Marie-Claude Treilhou retrouvait ses racines méridionales et villageoises avec ce recueil de contes filmés dans le département de l’Aude.
C’est dans l’univers d’une oralité ancestrale que nous plonge L’âne qui a bu la lune et le spectateur sera peut-être déconcerté par le rythme paisible, voire l’absence de rythme, de ces cinq récits adoptant une temporalité propre au conte et qui ont parfois l’air de faire du surplace. D’autant que leur illustration à l’écran est parfois laborieuse et non dénuée de maladresses (le pauvre gag surexploité des accélérés dans le premier conte). Pourtant un charme véritable se dégage de l’ensemble.
La présence de la nature et des animaux (l’âne du titre bien sûr, mais aussi le cochon élu maire), l’authenticité du parler et la gaucherie même des acteurs non professionnels, la méchanceté foncière cachée sous l’apparente bonhomie, le parfum de fantastique qui imprègne le dernier épisode se déroulant pendant le carnaval de Limoux : tout cela garantit un fort sentiment de dépaysement et rend précieux ce film pas si éloigné de l’univers de Pagnol, à qui Marie-Claude Treilhou rendait hommage dans le cadre de La dernière Major à Beaubourg.
La justesse du regard documentaire qui fait le prix de L’âne qui a bu la lune ne surprendra pas de la part de la réalisatrice de Paroisses, paroissiens, paroissiennes (1995), En cours de musique (2000), Les métamorphoses du choeur (2004) ou Couleurs d’orchestre (2007) . Elle n’est que rarement revenue à la fiction par la suite : en 1995 pour Le jour des rois (avec Danielle Darrieux, Paulette Dubost et Micheline Presle) et surtout en 2002 pour le très beau Un petit cas de conscience.