Easy rider
Le 2 février 2005
Une Afrique du Sud en proie à ses tourments ancestraux, mise en mots par un auteur désormais incontournable
- Auteur : Deon Meyer
- Editeur : Editions du Seuil
- Genre : Polar
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Plus que la course poursuite elle-même, c’est le pays traversé qui est au cœur de L’âme du chasseur : une Afrique du Sud en proie à ses tourments ancestraux, mise en mots par un auteur désormais incontournable.
Quant paraissent Les soldats de l’aube en 2003 (couronnés par le Grand prix de la littérature policière), Deon Meyer parvient à se faire connaître par les amateurs du genre, sans pour autant se démarquer, semble-t-il. Avec son troisième roman, il est temps de réviser son jugement. Et pour cause, classer cet écrivain sud-africain parmi les auteurs de polar est réducteur. Deon Meyer est au-delà des simples catégories : L’âme du chasseur est certes un récit à suspense, mais c’est avant tout une vision du monde et d’une société que Meyer nous donne à voir. Un regard lucide et sans concession, souvent cruel et empreint de colère, mais qui laisse malgré tout poindre l’espoir.
Thobela Mpayipheli est de ceux qui croient que l’homme peut changer : que l’on peut laisser derrière soi des années de violence et de combat pour devenir autre. Et du jour au lendemain, il a tout arrêté : fidélité envers l’ANC, missions du KGB, contrats criminels... Autant de vieux fantômes avec lesquels il doit composer pour préserver la vie respectable qu’il s’est construite. Mais un tel équilibre est fragile et un grain de sable peut suffire à enrayer la mécanique. Un grain de sable qui s’incarne en la personne de Monica Kleintjes : son père, un vieil ami de Thobela, a été enlevé et il est le seul vers qui elle peut se retourner pour le sauver. Par loyauté, "P’tit" comme on le surnommait par le passé n’hésite pas : s’engage alors une chasse à l’homme à travers tout le sud du continent africain. Une bagarre impitoyable contre une nébuleuse d’agences gouvernementales, les ravisseurs, mais surtout contre lui-même et ses démons intérieurs.
Comme dans ses précédents romans, l’intrigue est presque secondaire chez Deon Meyer. Le suspense n’y est pas spécialement haletant. Toute la force de L’âme du chasseur réside dans sa narration. Bien que linéaire, elle multiplie les allers-retours dans le passé, et surtout elle alterne plusieurs voix. Ce procédé devient sa marque de fabrique et sert à merveille le vrai héros du roman : l’Afrique du Sud. Car c’est ce pays qui est au cœur de toutes les pages, sa beauté, son aridité, sa corruption, sa douleur : des traits terriblement humains en somme que Meyer saisit à vif.
Deon Meyer, L’âme du chasseur (The heart of the hunter, traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Estelle Roudet), Seuil, 2005, 423 pages, 21 €
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