Le 22 octobre 2023
Un joli conte moderne qui redonne foi à la lutte contre les préjugés et le droit à la différence.
- Réalisateur : Nadir Moknèche
- Acteurs : Lubna Azabal, Zinedine Soualem, Karina Testa, Kenza Fortas , Zahia Dehar, Saadia Bentaïeb, Youssouf Abi-Ayad
- Genre : Comédie dramatique, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 4 octobre 2023
- Festival : Festival d’Angoulême 2023
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Résumé : Rennes, de nos jours. Saïd habite encore chez ses parents. Il vit une liaison secrète avec Vincent. Incapable d’affronter sa famille, il accepte un mariage arrangé avec Hadjira. Après une histoire d’amour malheureuse et quelques démêlés avec la justice, elle aussi s’est résignée à obéir à sa mère. Piégés par leurs familles, Saïd et Hadjira s’unissent malgré eux, pour retrouver, chacun de son côté, leur liberté.
Critique : Cela commencerait presque comme une comédie avec ce jeune homme issu d’une famille maghrébine qui fait tout pour échapper à un mariage qu’il ne désire pas. Sauf que le récit finalement s’engage sur un terrain plus mélancolique, mettant en scène un couple marié de force par leurs parents respectifs, alors que l’un comme l’autre aurait choisi un destin sentimental différent. L’air de la mer rend libre, comme l’indique le titre, est justement un film sur le droit de chacun de choisir sa sexualité, en dépit du poids familial parfois très fort qui pèse sur les personnes. À juste titre, le réalisateur ne centre pas seulement son histoire sur l’homosexualité de Saïd. Il regarde avec beaucoup tendresse Hadjira qui, elle aussi, a été mariée sous la contrainte pour fuir un homme délinquant qu’elle a follement aimé au pays. Les deux jeunes gens s’enferment malgré eux dans un projet de vie qui n’est pas le leur, cherchant à composer avec leurs désirs sexuels respectifs.
- Copyright Pyramide Distribution
Le récit se passe à Rennes. On a ainsi plaisir à voyager dans le centre de la ville bretonne, à déambuler sur la place de l’hôtel de ville, à travers la mairie elle-même. Le film ne cherche pas à compliquer les choses. C’est un récit simple, attendrissant, jamais larmoyant, autour d’un couple qui tente de faire advenir le désir de leurs propres parents. Mais les choses ne tiennent pas longtemps. Saïd ne peut pas s’empêcher de fréquenter des garçons qu’il rencontre sur un site Internet, pendant que son épouse cherche à trouver un sens à son existence morne et solitaire. Nadir Moknèche filme avec beaucoup de respect les deux protagonistes et leur famille. La caméra appréhende subtilement les enjeux interculturels qui pèsent sur chacun des personnages, sans pour autant tomber dans la caricature ou la dénonciation. Les non-dits enferment les familles dans des récits qu’ils se sont construits, préférant à la vérité des sentiments, le mensonge et l’image sociale qu’elles renvoient à l’extérieur.
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Le seul regret, disons la seule faute de goût, demeure d’avoir invité dans la fiction la comédienne Zahia Dehar. Elle incarne un personnage assez vulgaire n’apportant rien au drame qui se noue entre les deux personnages principaux. Le spectateur est même gêné de la grossièreté du personnage, qui tranche avec le souhait du réalisateur de ne surtout pas tomber dans la caricature. Les scènes de sexe sont esquissées, ce qui est rare dans les films mettant en scène des homosexuels masculins. Cela donne à la fiction beaucoup de tenue, permettant au spectateur de focaliser son attention, non pas tant sur la question sexuelle, que les conflits internes qui assomment les deux jeunes gens.
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L’air de la mer rend libre demeure un joli film, attendrissant. Le happy end a un effet vraiment bénéfique pour le spectateur, le cinéma français se complaisant parfois dans des drames passionnels sans issue. La question sociale ne compte pas vraiment dans le récit. Le regard se centre sur la complexité des sentiments quand on est né dans une famille immigrée et que l’on doit composer entre faire plaisir à ses parents et choisir de s’en émanciper. Heureusement d’ailleurs, Nadir Moknèche montre que cette problématique ne touche pas que les familles arabes, mais traverse la plupart des foyers, à l’aune notamment du coming out. Une mention particulière est à mentionner pour le personnage féminin principal incarné par Kenza Fortas. Le cinéaste apporte une véritable profondeur à cette jeune femme luttant en silence pour se trouver une place en France, régler le deuil amoureux qui la hante, se libérer de l’exubérance de sa mère et, surtout, devenir l’épouse d’un homme qui ne la désire pas.
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Voilà donc encore un joli film français qui, à bas bruit, parle de la question si importante dans nos sociétés modernes, de la difficulté à être soi. On ne boudera pas notre plaisir.
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