Le 22 août 2018
Les treize dernières années de Martin Luther King résumées en un montage d’archives poignantes, révoltantes.
- Réalisateurs : Joseph L. Mankiewicz - Sidney Lumet
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Durée : 3h02mn
- Titre original : King: A Filmed Record... Montgomery to Memphis
- Date de sortie : 22 août 2018
L'a vu
Veut le voir
– Année de production : 1970
Résumé : Depuis le boycott des bus de Montgomery en 1955, l’une des premières actions inspirées par Martin Luther King, jusqu’à son assassinat, le 4 avril 1968 à Memphis, ce documentaire retrace les étapes cruciales de la vie du leader non violent, prix Nobel de la paix en 1964, qui prononça devant plus de 250 000 personnes un discours resté célèbre, commençant par ces mots : « I have a dream ».
Notre avis : Ça commence par un geste banal, une révolte individuelle, un refus : Rosa Parks ne cède pas sa place à un Blanc dans un bus. On connaît ce début, on sait la suite, le lent combat du pasteur King pour l’égalité des droits. Peut-être s’imagine-t-on qu’on n’a plus rien à apprendre de cette lutte qui nous paraît lointaine, dans le temps et dans l’espace. C’est pourquoi il faut voir ce documentaire constitué presque exclusivement d’images d’archives brutes et sans commentaires, entrecoupées de textes récités par des acteurs face caméra filmés par Lumet et Mankiewicz. Le voir, c’est comprendre de l’intérieur ce qu’a été la ségrégation, ce racisme quotidien qui s’exprime par des entrées « Blancs » et des entrées « Noirs », des fontaines « Blancs » et des fontaines « Noirs », le mépris tranquille et le fait de ne pas appeler par leurs noms les Noirs.
- Copyright Splendor Films
Le film excelle à montrer la singularité de Martin Luther King : non violent face à la haine et l’injustice, et l’on imagine à quel point ce fut difficile (quelques images montrent que l’action musclée a aussi été préconisée par d’autres), contre tout communautarisme, il a organisé des boycotts et des marches parfois dangereuses (celle de Chicago est proprement effrayante) et toujours du côté de la loi. C’est impressionnant, mais plus impressionnante encore est sa maîtrise du verbe : les discours maniant la métaphore et l’anaphore, s’ils n’échappent pas à l’emphase, ressortissent au lyrisme hypnotique. Quelle langue ! On n’imagine pas aujourd’hui pareil orateur ni pareille vision. Bien sûr, tout le monde a en tête le fameux « je fais un rêve », mais on entendra nombre de paroles fortes qui, il faut l’avouer, font du bien : des paroles d’amour, des antidotes à la peur et à la haine. Quant à son dernier sermon, diffusé à ses funérailles, il s’écoute la gorge nouée.
- Copyright Splendor Films
Réalisé en 1970, soit deux ans après son assassinat, King : de Montgomery à Memphis n’est pas un film distrayant qu’on regarde sereinement : on y passe sans cesse de l’admiration à la révolte, de l’émotion à la colère. Voir des enfants blancs hurler leur haine et des jeunes nazillons parader n’est pas de tout repos. Lire des pancartes insultantes (« il y a de la place au zoo ») indigne durablement. Plus encore peut-être, cette image fugace d’une jeune femme bon chic bon genre portant un écriteau « L’Alabama aux Blancs » glace le sang.
- Copyright Splendor Films
Face à ce déferlement, les mots et la résistance passive semblent de peu de poids ; et pourtant, des luttes ont été gagnées, même si la fin tragique de King est connue. Et si longtemps après, on se prend à penser que, dans notre époque où ressurgissent ça et là des viviers de haine, où le racisme a quasiment pignon sur rue et s’étale sur Internet, en l’absence d’une figure aussi charismatique et noble, il est urgent de voir et de méditer ce film dont les trois heures ne doivent pas effrayer, au contraire.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.