Mon vieux
Le 24 octobre 2005
A travers l’histoire de sa famille, de l’esclavage à la liberté, Eddy L. Harris offre un touchant hommage à son père
- Auteur : Eddy L. Harris
- Genre : Roman & fiction
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C’est une histoire d’amour et de haine entre un père et son fils. L’hommage d’un écrivain reconnu à celui qui a fait de lui un étranger, et s’en attriste alors qu’il s’agit là de sa plus belle victoire. Un récit teinté d’amertume, de regrets, mais aussi de tendresse et d’une profonde reconnaissance pour les batailles gagnées et le travail accompli.
Deux générations séparées par un fossé d’incompréhension. Celle des Noirs américains d’aujourd’hui, étudiants, intellectuels, libres d’aimer et de voyager à leur guise... Et celle de leurs parents, ces vivants qui semblent appartenir à l’Histoire, relégués à des tâches ingrates, harcelés, violentés en toute impunité sous le regard bienveillant de l’Etat. Des générations éloignées mais qui portent les stigmates d’un passé d’horreur dont quelques réminiscences viennent encore briser les cœurs. Le père et le fils semblent vivre dans deux mondes différents. Et pourtant. Comment ne pas s’attrister devant le parfait étranger qu’est devenu son enfant, alors même que l’on a tout mis en œuvre pour le soustraire à notre réalité ? Et comment ne pas porter en soi les révoltes, les haines et les rancœurs de cette génération sacrifiée ?
A Eddy L. Harris, écrivain, intellectuel, conférencier qui a choisi la liberté plutôt que l’argent, réalisant ainsi le rêve de son père sans que celui-ci s’en satisfasse, il reste une arme de poids : l’écriture. Pour témoigner, pour essayer de comprendre ce vieil homme grognon et tyrannique, mais aussi fantasque et rigolard. Pour retrouver ce père qui, avec son héroïsme et ses erreurs, a fait de lui ce qu’il est maintenant. Pour se rapprocher de ce vieil homme de quatre-vingt-dix ans et le rendre à l’histoire, avant que la mort ne l’efface.
A travers l’histoire de sa famille et de ce père chéri, c’est celle des Noirs américains qui défile sous nos yeux. Avec un regard triste plein d’humanité et exempt de tout militantisme qui touchera plus qu’un long discours. Et une conclusion universelle : on ne connaît pas nos vieux. On ne les comprend pas. Jamais. Il ne nous reste que les sentiments, les souvenirs, et la reconnaissance qu’on leur témoigne d’avoir fait de nous ce que nous sommes.
Eddy L. Harris, Jupiter et moi (Jupiter and me, traduit de l’américain par Alexandre Gouzou), éd. Liana Levi, 2005, 224 pages, 17 €
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