Juillet Août - la critique du film

Copyright : Diaphana Distribution

Notre avis : Une paire de Doc Martens rouge foncée dévale les escaliers. Une main jette un peu d’essence puis une allumette dans une boîte à lettres qui s’enflamme. La caméra suit la silhouette d’une toute jeune fille qui arpente la rue d’un air décidé, pour ne pas dire rageur. Voilà, nous avons fait connaissance avec la jeune Laura, 14 ans, pétillante de vie et perle de ce long-métrage. Elle est plus petite que la moyenne des filles de son âge, n’a pas encore ses règles et si sa mère tombe sur son dernier bulletin scolaire, elle ira en pension à la rentrée prochaine. Voilà bien ses soucis du moment. La spontanéité de son âge nous réserve les dialogues les plus percutants du film, ceux-là même qui ne manqueront de faire sourire tous les parents d’ados (et même les autres).

Copyright Mathieu Morelle - Karé Production - Diaphana Distribution

Pour l’heure, elle doit partir en vacances avec sa grande sœur, une belle plante plutôt mature et sa mère, (l’excellente Pascale Arbillot trop rare au cinéma). Leur destination : la côte d’Azur, quelque part entre Cannes et Antibes dans ce qui pourrait être une superbe demeure. Il suffirait juste que leur beau-père, un éditeur endetté dépassé par les événements et à qui l’inégalable Patrick Chesnais, toujours entre burlesque et tendresse prête ses traits, puisse payer la fin des travaux qu’il a entrepris. Filmée presque entièrement à l’épaule, cette comédie bien rythmée, ne manque pas de charme tant la complicité entre les personnages est évidente. Bien des familles recomposées se retrouveront avec bonheur dans les personnages de cette joyeuse troupe. En août, changement de cadre. Les filles retrouvent leur père dans un sublime décor breton (pas vraiment à leur goût, elles lui préfèrent le soleil de la côte méditerranéenne). Le personnage de Franck (Thierry Godard) à la virilité incontestable et dont on devine quelques fêlures (il est venu s’enterrer dans ce trou perdu, il a visiblement renoncé à l’alcool) est touchant quand il se laisse emporter, bien malgré lui, par son amour pour une jeune serveuse qui a l’âge de sa fille. Les deux sœurs, centre du film, vivent les difficultés de leur âge. Leurs parents, à un autre niveau, se débattent comme ils peuvent avec les leurs. Pas de hiérarchisation, chacun a le droit de s’exprimer et d’être entendu et c’est assurément ce beau courant de liberté qui rend ce récit si plaisant à suivre. En fermant les yeux, on s’imaginerait presque être dans une version XXIème siècle de la Boum de Claude Pinoteau.

Copyright Mathieu Morelle - Karé Production - Diaphana Distribution

Mais c’est sans compter avec cette mauvaise intrigue policière qui vient parasiter une histoire qui se déroulait pourtant si gentiment. Questions sans réponse, incohérences, lourdeurs plombent largement cette belle ambiance familiale. Ces trois zombies, à peine sympathiques (force est de reconnaître que les quelques minutes de conversation entre Laura et Chérif, le plus avenant de ce trio de zozos, ne manquent pas d’intérêt mais c’est bien tout) et surtout absurdes et déjantés parviennent même à faire perdre de sa superbe au pourtant solide Thierry Godard et à transformer en godiche la presque parfaite Joséphine. Heureusement, ça ne suffira pas à gâcher complètement les vacances, d’autant que cette aventure familiale est accompagnée de plusieurs titres d’Alex Beaupain qui, à défaut de faire la même carrière que Reality, la chanson culte de La Boum s’écoutent agréablement et conviennent parfaitement au ton léger de cette histoire certes banale mais avant tout humaine.