Parigot, tête de mouton
Le 9 février 2019
Un portrait de femme qui prône la valeur du travail et le besoin d’indépendance, mais élude les questions politiques et sociétales impliquées par la situation qu’il décrit.
- Réalisateur : Delphine Détrie
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : KMBO
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 27 février 2019
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Résumé : Stéphanie est une jeune mère célibataire. Parisienne d’origine, elle a tout quitté pour réaliser son rêve et vivre plus près de la nature. Installée en Normandie, au cœur des prés salés du Cotentin, elle se réinvente en apprenant le métier de bergère. À la tête de son troupeau, elle découvre au quotidien les joies et les difficultés de sa nouvelle vie rurale.
Notre avis : Les plans d’ouverture, contemplatifs, sur les grandes prairies brumeuses, couverts par la violence du son du vent, nous laissent presque croire que c’est dans un film de Béla Tarr que l’on s’aventure. C’est pourtant bel et bien dans l’univers de notre terroir, et celui de Stéphanie, que nous plonge ce documentaire.
A la tête de son petit cheptel, la jeune femme est une auto-entrepreneuse, bien loin du sens où nous l’entendons de nos oreilles de citoyens de la start-up nation. Cette femme est pourtant une Parisienne qui a quitté la capitale six ans avant le tournage du documentaire, pour venir se reconvertir sur ces terres normandes où elle n’avait aucunes racines.
Ce changement radical de mode de vie, qui paraît insolite dans une société aussi cloisonnée que la nôtre, ne sera malheureusement qu’évoqué dans les échanges entre Stéphanie et Delphine Détrie, la réalisatrice. Au contraire, le film accorde une grande importance à la place que cherche Stéphanie, son manque d’expérience, en permanence contrebalancé par sa combativité et sa créativité, mais aussi sa coquetterie souvent inappropriée.
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Si cette situation rend Stéphanie attachante aux yeux des spectateurs, il semble qu’elle lui attire bien des ennuis dans sa nouvelle région. Entre vols de brebis, destruction de matériel et menaces de mort, mais aussi l’inertie des gendarmes, la situation est, pour elle, très inconfortable. L’origine de cette rivalité brutale, qui trouve ses sources dans les règles de répartition des troupeaux, et plus globalement dans l’archaïsme d‘une politique agricole française très contraignante, ne sera, là encore, que trop peu développée par le film. Serait-il en effet plus dans l’air du temps de laisser penser que ses voisins sont d’odieux misogynes plutôt que de s’attaquer frontalement à la Direction Départementale des Territoires et de la Mer ?
Le documentaire se plaît plutôt à nous faire observer le travail au quotidien de Stéphanie, entourée de son chien Gala et ses deux stagiaires (deux jeunes femmes elles-aussi). Face à cette tranche de vie qui déborde d’enthousiasme, on en vient à espérer que l’optimisme que cette jeune bergère affiche régulièrement lui a permis, deux ans après la fin du tournage, de surmonter ses difficultés d’intégration, financières et juridiques auxquelles la documentariste n’ose pas trop se frotter. Ira-t-on prendre de ses nouvelles ?
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