Jenny Wilson relate le viol sur l’album anxiogène Exorcism

Projet musical parmi les plus douloureux de cette année, Exorcism est l’expression par le son et les textes d’un récit d’agression sexuelle à la première personne, vécue par la chanteuse Jenny Wilson elle-même.
Cet uppercut électro, en guise de 5e opus, renvoie les mains aux fesses et autres goujateries insupportables, au rang de grossièretés rustres bon enfant, tant sa construction infernale et son chant aussi décalé que dingue, rend l’écoute particulièrement anxiogène.
Sans fausse pudeur, Exorcism évoque le viol au sein d’un travail artistique aux échos de psychothérapie acharnée particulièrement percutant dans le contexte de la déferlante #MeToo.

Photo Oskar Omne

Les textes tranchants dissèquent les moments qui précèdent, l’insoutenable instant du viol, et s’insinuent dans les blessures vives et la culpabilité qui s’ensuit. La rhétorique malmène quand elle évoque la masculinité, et hante une narration de titre en titre, où, si les actes sont explicités, c’est bien le flot de pensées qui submergent chaque morceau jusqu’à l’obsession.
Comprendre pour se reconstruire. Le rythme particulièrement énervé des sons fracassants, s’inscrit dans une volonté de se replonger dans l’instant bestial comme pour mieux exorciser la souffrance, l’humiliation et affronter les traumas. La musique comme expédient de reconstruction de soi.
Jenny Wilson sera en concert à Paris à l’Espace B, à Paris, le 24 avril prochain.

Les deux meilleurs morceaux de l’album
Forever is a long time
Rapin

Découvrez ci-dessous le clip animé de Rapin*, de Gustaf Holtenäs. Un chef d’oeuvre dans son genre, qui saura susciter malaise et interrogations. Gare aux âmes sensibles.