Le 23 mars 2021
Un roman flamboyant et fougueux à l’image de son héros, le jeune Jacob.


- Auteur : Simon Berger
- Collection : Blanche
- Editeur : Gallimard
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 4 mars 2021
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur

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Résumé : Ce fut un matin presque béni que celui de la naissance de Jacob dans ce camp de bohémiens qu’on appellerait bientôt romanichels. Dès sa naissance, sa beauté coupait le souffle, il était beau comme un roi. Boucle blonde et regard perçant, Jacob dénote et intrigue de par l’aura qui émane de lui. Pourtant, loin d’être une bénédiction, sa beauté et sa fougue seront le point de départ de sa chute.
Critique : Avec ce second roman intitulé Jacob, Simon Berger se fait, dans une certaine mesure, le porte-parole d’un camp de bohémiens venus s’installer, au début du vingtième siècle, en Auvergne. Grâce à l’histoire qu’il raconte, l’auteur leur redonne une voix et inscrit leur histoire dans l’Histoire.
En effet, bien que l’intrigue se concentre avant tout sur le personnage de Jacob, de son enfance à son adolescence, et sur la volonté d’un riche rentier de faire de lui un "honnête homme", le texte parle en réalité de la dualité parfois violente entre deux manières d’exister. Si les sédentaires s’opposent de façon si radicale à ce peuple nomade, c’est qu’ils considèrent leur mode de vie plus convenable, contrairement au leur qu’ils jugent étrange, incompréhensible et donc source d’ostracisation.
Dans cet ouvrage, Simon Berger raconte bon nombre d’humiliations, symboliques ou non, dont ils sont victimes, le climax étant le dîner donné en l’honneur de Jacob par Joseph, son riche protecteur, pendant lequel le jeune garçon se retrouve assailli de questions et de préjugés sur sa communauté.
À cet instant précis, le héros comprend qu’il n’est pas le bienvenu dans cet univers de mondanités, de richesse et d’hypocrisie. Malheureusement pour lui, il fera rapidement la douloureuse expérience du rejet de son clan, à qui il n’appartient déjà plus réellement.
Petit à petit, l’intrigue évolue, se concentrant sur la dualité qui brûle à l’intérieur de Jacob et son incapacité à s’intégrer à aucun de ces deux mondes. Ces émotions contrastées, le lecteur les vit pleinement avec le personnage principal, grâce au choix d’une narration omnisciente qui permet une immersion dans les pensées les plus intimes des protagonistes.
À cela s’ajoute un autre procédé extrêmement habile : l’adresse au héros.
En effet, Simon Berger fait le choix d’écrire son roman comme s’il adressait une lettre à Jacob en lui racontant son enfance. Le fait même de l’apostropher en utilisant "tu" ou en l’appelant par son prénom, est assez rare pour être évoqué et peut au départ déstabiliser le lecteur, mais le procédé se révèle en réalité très utile et prend tout son sens à la fin de l’ouvrage.
Loin des effets de styles grandiloquents et des emphases, le récit de Simon Berger témoigne d’une profonde maturité dans l’écriture comme d’une profonde émotion pour le sujet évoqué, à travers le personnage de Jacob. Ce roman est à lire comme un hommage aux bohémiens et à leur mode de vie rendu marginal par ceux qui ne le comprennent pas.
140 x 205 mm
128 pages - 13,50 €