Le 6 mai 2020
Trois sœurs se retrouvent dans la maison familiale après le décès de leur mère. Woody Allen prouve son incroyable talent dans ce premier drame, qui est aussi un hommage respectueux à Ingmar Bergman.


- Réalisateur : Woody Allen
- Acteurs : Diane Keaton, Maureen Stapleton, Sam Waterston, Geraldine Page, E.G. Marshall, Mary Beth Hurt, Richard Jordan
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h33mn
- Titre original : Interiors
- Date de sortie : 2 août 1978

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Résumé : Dans une grande maison au bord de l’océan, trois soeurs, Renata (Diane Keaton), Joey (Mary Beth Hurt) et Flyn (Kristin Griffith), très tristes regardent la plage vide. Elles viennent de perdre leur mère. Quelques mois avant à New-York, on retrouve la mère Eve (Geraldine Page) qui rend visite à sa fille cadette Joey et son mari Mike (Sam Waterston) et se mêle ouvertement de la décoration de leur appartement.
Critique : Tourné entre les deux chefs-d’œuvre que sont Annie Hall (1977) et Manhattan (1979), ce film est le premier long-métrage totalement dramatique du cinéaste et aussi le premier où il n’apparaît pas.
Il s’agit clairement à un hommage assumé à Ingmar Bergman, une sorte de huis clos feutré qui décrit les rapports difficiles de trois sœurs entre elles et avec leurs parents, au moment du décès de leur mère.
Le film, construit sur des flash-back, nous décrit les frustrations qu’engendrent les rapports familiaux. Le père (E.G. Marshall), égoïste, n’a pensé qu’à refaire sa vie après s’être séparé de sa femme Eve. Cette dernière, psychorigide avec ses filles, qui, devenues adultes, doutent énormément, souffre beaucoup après un cancer et sa séparation, si bien qu’elle a fait une tentative de suicide. L’aînée Renata, considérée comme la plus douée, devenue poétesse, est en panne d’inspiration. La seconde Joey, la préférée de son père, très coincée, n’arrive pas à trouver sa voie. La dernière, Flyn, a mis de la distance en devenant actrice à Hollywood, mais reste cantonnée à des rôles secondaires dans de mauvais téléfilms.
Très finement, le récit nous souligne les fêlures de tous ces personnages, y compris celles des gendres des deux aînés (Richard Jordan et Sam Waterston). Le point d’orgue des tensions familiales survient au moment où le père présente à ses filles sa nouvelle compagne Pearl Maureen Stapleton), qu’il compte épouser et qui est le strict opposé de leur mère.
Le choix des acteurs et l’ interprétation participent admirablement à la petite musique tragique voulue par l’auteur.
Pari gagné pour Woody Allen, à travers cette incursion dans le drame. Sa riche filmographie lui permettra d’y revenir à plusieurs occasions.