A double tranchant
Le 30 janvier 2008
Une atmosphère tellement sophistiquée que le récit s’égare.
- Réalisateur : Jane Campion
- Acteurs : Meg Ryan, Jennifer Jason Leigh, Mark Ruffalo, Michael Nuccio, Susan Gardner
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
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– Durée : 1h58mn
Une atmosphère tellement sophistiquée que le récit s’égare.
L’argument : Professeur de lettres à New York, Frannie mène une vie sage, loin des milieux glauques, qu’elle ne fréquente qu’à l’occasion pour mener des recherches sur l’argot. Suite à un meurtre commis tout près de chez elle, elle fait connaissance avec le policier chargé de l’enquête, Malloy, par lequel elle est irrésistiblement attirée.
Notre avis : Frannie, une jeune femme apparemment sans histoires, est tellement torturée par une sexualité insatisfaite que ses désirs vont brouiller jusqu’à son instinct de survie. La jeune femme va alors s’exposer sans réserves... En quelques minutes, nous voilà donc plongés à la fois dans les entrailles d’un New York glauque et violent, et dans les méandres du plaisir féminin, entre chaleur moite et cauchemar glaçant. Au point que se mêlent progressivement langueur érotique et horreur urbaine. De profundis...
Jane Campion s’est emparée ici d’un sujet séduisant et intriguant, et la réalisation ne manque pas d’élégance. Pourtant, In the cut promet plus qu’il ne donne, abandonnant le spectateur sur un sentiment de frustration. La réalisatrice se concentre tellement sur l’atmosphère très sophistiquée de son récit, qu’elle délaisse progressivement le propos initial. Du thriller, il ne reste qu’une histoire sans suspense à la résolution presque grotesque ; du plaidoyer féministe, ne subsistent que quelques plans torrides. Quant à la romance, elle semble se diluer dans le bain de sang final.
Si les personnages paraissent parfois paumés, c’est sans doute dû à une direction d’acteurs un brin chancelante. A force de chercher à embrouiller le spectateur, Campion effleure ses protagonistes plus qu’elle ne les explore, comme le ténébreux Malloy, l’insaisissable et incestueuse Pauline ou encore John Graham (Kevin Bacon sous-exploité ici), fausse piste inutile. La critique américaine, elle, s’est, semble-t-il, acharnée sur le jeu de Meg Ryan. C’est difficilement compréhensible. Sans doute ne pardonnent-ils pas à l’héroïne de comédies romantiques d’exhiber une nudité si impudique.
In the cut, annoncé comme un thriller riche et intense, s’égare. Le projet était peut-être trop présomptueux et à double tranchant même pour une cinéaste virtuose comme Jane Campion. En effet, le remarquable parcours de la réalisatrice néo-zélandaise pèse désormais sur son œuvre, et nous rend terriblement exigeants.
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