Dialogues paysans
Le 16 mai 2012
Dans ce magnifique essai documentaire et poétique Dušan Hanák capte le quotidien et les rêves de vieux paysans des Tatras en prolongeant le travail du photographe Martin Martinček .
- Réalisateur : Dušan Hanák
- Genre : Documentaire, Poème
- Nationalité : Slovaque
- Editeur vidéo : Malavida
- Durée : 1h04mn
- Titre original : Obrazy starého sveta
- Plus d'informations : http://www.malavidafilms.com/dvd-im...
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– Sortie DVD : 23 mai 2012
Dans ce magnifique essai documentaire et poétique Dušan Hanák capte le quotidien et les rêves de vieux paysans des Tatras en prolongeant le travail du photographe Martin Martinček .
L’argument : Dušan Hanák donne la parole aux vieux fermiers solitaires d’un village des Tatras, en les questionnant sur ce qui fait leur raison de vivre.
Notre avis : A partir des années 60 le photographe Martin Martinček (1913-2004) avait entrepris de constituer un véritable dictionnaire plastique de sa région natale de Liptov, dans les Tatras (la partie des Carpates qui sépare la Slovaquie de la Pologne, là où Murnau avait filmé certaines séquences de Nosferatu), s’attachant à enregistrer les traces de l’homme dans les paysages ou les coutumes folkloriques, mais surtout dialoguant, en une série de portraits étonnants de vie, avec les vieux paysans restés là, les jeunes ayant déserté ce territoire oublié, resté comme à l’écart du temps.
- Obrazy starého sveta (Dušan Hanák 1972)
Dans Obrazy starého sveta (Images du vieux monde) Dušan Hanák développe, avec les moyens du cinéma, le travail du photographe dont les clichés sont intégrés au film sous forme de plans fixes.
Ces vieux paysans sont indissolublement liés à leur environnement au point que, comme le dit le texte d’exergue, les transplanter serait impossible, ils en mourraient. Hanák les filme au travail, exécutant encore les tâches les plus ardues malgré l’âge, la maladie, parfois avec un bras, une jambe en moins, voire les deux comme cet homme dont les pieds ont été écrasés autrefois par une charrette et qui, obligé de se traîner à quatre pattes, a construit une maison assis et continue de s’occuper de ses bêtes.
- Obrazy starého sveta (Dušan Hanák 1972)
Le cinéaste scrute attentivement ces corps et ces visages meurtris par une vie de labeur. Il n’idéalise pas ce monde rude, pauvre, et nous en fait sentir la dureté de plein fouet, par exemple dans la séquence finale (ils vivaient heureux ensemble sur trois jambes. Mais elle a du partir à l’hôpital) qui s’interrompt brutalement sur le bruit du chargeur tournant à vide à la fin de la bobine, comme la vie peut s’interrompre de manière abrupte, absurde.
Pourtant le film ne cède pas au misérabilisme ni à la commisération et sait nous émerveiller en saisissant la bouleversante beauté de ces visages et celle d’un univers restreint, circonscrit, mais formidablement vivant et habité, où tout parle : les paysages, sauvages, inhospitaliers mais néanmoins apprivoisés par l’homme ; les animaux ; les objets quotidiens, filmés de très près, portant eux aussi les marques du temps et de l’usage, outils du travail mais aussi instruments de musique (les violons lors d’une fête dansée, une forme de cornemuse ou encore un fabuleux automate inventée par un bricoleur illuminé).
- Obrazy starého sveta (Dušan Hanák 1972)
Il libère aussi la parole de ces gens apparemment sans histoires, qui n’ont pas d’avis sur les questions d’ordre général (du genre : C’est quoi pour vous, le bonheur ?) mais dont les récits révèlent des trésors de souvenirs, de savoirs ancestraux, de rêves surtout : un vieil homme parle avec l’enthousiasme du passionné de l’étoile la plus lointaine, de Gagarine et des expéditions sur la lune (et Hanák insère des images tirées d’actualités comme il insère ailleurs des plans de passants marchant sur le trottoir d’une grande ville).
Sans recourir au discours, cette admirable méditation poétique fait surgir un irrépressible sentiment de nostalgie de la vraie vie en célébrant la force morale et la beauté intérieure (Hanák dixit) ainsi que la formidable énergie vitale qui anime, envers et contre tout, ces vieillards,
- Obrazy starého sveta (Dušan Hanák 1972)
Le DVD
Malavida a pris l’excellente initiative d’éditer en une série de DVDs l’oeuvre de Dušan Hanák. Ce magnifique documentaire poétique, sans doute le film le plus admiré du cinéaste slovaque, ne pouvait évidemment manquer à l’appel.
Les suppléments
Outre un livret illustré comprenant, entre autre, une interview du cinéaste (mais qui ne nous a pas été fourni) le DVD permet de découvrir, en guise de bonus, un des premiers courts métrages de Dušan Hanák, le très beau Artisti (Artistes), datant de 1965.
Sur une musique jazzy, ce film de 14 minutes est une suite d’impressions du monde des forains, d’instantanés de la vie des artistes d’un cirque ambulant entre la roulotte qu’on ferme à clef en partant, les répétitions, les retraités qui comprennent que les gens veulent voir des artistes jeunes et beaux. Hanák ne s’intéresse as aux paillettes mais au travail quotidien. Observant attentivement tous les détails, les gestes et les objets, il sait voir, et faire voir, ce qui fait une vie.
Image
Les copies des deux films sont en fort bon état et le report, irréprochable, permet d’apprécier pleinement la beauté d’un superbe noir et blanc, à la fois contrasté et extraordinairement plastique, qui prolonge le travail du photographe Martin Martinček
Son
La bande son mono est d’une grande netteté et contribue grandement à faire vivre ce monde en donnant toute leur valeur aux timbres des voix, aux bruits, aux comptines musicales.
- Obrazy starého sveta (Dušan Hanák 1972)
Galerie Photos
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