Vodka, tuba et Gina
Le 21 mai 2012
Joliment bariolée et poétique, cette comédie amère, doucement dépressive, est longtemps restée au placard avant avant d’être primée à Berlin en 1989.
- Réalisateur : Dušan Hanák
- Acteurs : Juraj Nvota, Marie Motlová, Roman Klosowski, Iva Janzurová, Milan Jelic, Milada Ježková, Václav Babka
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Slovaque
- Editeur vidéo : Malavida
- Durée : 1h37mn
- Titre original : Ja milujem, ty miluješ
- Plus d'informations : http://www.malavidafilms.com/dvd-j-...
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- Ours d’argent, Berlin 1989
– Sortie DVD : 23 mai 2012
Joliment bariolée et poétique, cette comédie amère, doucement dépressive, est longtemps restée au placard avant avant d’être primée à Berlin en 1989.
L’argument : Pista, vieux garçon largement porté sur l’alcool, travaille dans les services postaux de la gare avec son binôme et néanmoins compagnon d’infortune, Vinco. Désespéré par sa condition de célibataire endurci, il tente coûte que coûte d’attirer l’attention des femmes qui l’entourent... sans succès. Jusqu’au jour où... la chance semble enfin lui sourire.
Notre avis : Les spectateurs du fort beau Ružové sny/Rêves en rose (1976) ne seront pas dépaysés en retrouvant, dans le quatrième long-métrage de Dušan Hanák, le même univers provincial aux couleurs pimpantes, le même naturalisme un brin folklorique, le même mélange de poésie et de cocasserie, et en reconnaissant, dans les sympathiques caricatures qui peuplent le film, plusieurs trognes aperçues dans le précédent.
Juraj Nvota, ex magicien-facteur amoureux, retrouve d’ailleurs ici un rôle quasi identique, toujours empreint de grâce lunaire et funambule. Mais son personnage reste à la périphérie et n’apparaît que de manière intermittente, observateur pensif s’essayant timidement à jouer au deus ex machina.
C’est surtout avec lui que Ja milujem, ty miluješ/ J’aime, tu aimes prend par moments son envol et ravive un intérêt que la suite de saynètes pourtant riches en trouvailles visuelles et en figures attachantes peine à tenir en éveil.
Reconnaissons que l’impression de monotonie qui s’installe assez rapidement est d’une certaine manière justifiée, le film s’appliquant à décrire des existences tristounettes, enfermées dans des mécanismes répétitifs que viennent briser des trouées d’espoir ou des velléités de changement vite déçues.
- Ja milujem, ty miluješ (Dušan Hanák 1980)
Mais ce sont paradoxalement les touches d’excentricité, de fantaisie poétique qui ne convainquent qu’à moitié et peuvent à la longue lasser.
L’acteur polonais Roman Klosowski prête sa bouille ronde et sympathique, un peu abimée par la vie, au vieux garçon noyant dans la vodka les complexes liés à sa petite taille, encombré de sa vieille mère qui perd la mémoire (je reconnais tout ici, mais toi je ne te reconnais pas !), enclin à l’affabulation (le tuba dont il joue dans une fanfare imaginaire), couvrant les murs de sa chambre de photos de Gina Lollobrigida et parvenant néanmoins à attirer l’attention de sa belle en lui promettant une bière au miel.
Comme ses partenaires, la tchèque Iva Janžurová et le serbe Milan Jelic, il réussit à rendre touchant un personnage foncièrement minable dans un film habité par le sens du dérisoire (la mort idiote de Vinco) mais aussi par une indéniable tendresse et une volonté d’optimisme envers et contre tout (et sans trop y croire).
Le vision peu édifiante de la province slovaque proposée par Ja milujem, ty miluješ/ J’aime, tu aimes ne plut apparemment guère aux instances officielles qui mirent le film au placard jusqu’à la Révolution de Velours. Enfin débloqué, il fut présenté en 1989 au Festival de Berlin où il valut à Hanák l’Ours d’Argent du meilleur réalisateur.
- Ja milujem, ty miluješ (Dušan Hanák 1980)
Le DVD
Le quatrième long-métrage de Dušan Hanák est proposé en DVD par Malavida dans sa collection slovaque.
Les suppléments
On lira bien sûr avec intérêt les textes contenus dans le livret d’accompagnement du DVD. Mais surtout, on ne manquera pas de regarder attentivement
Apprentissage, superbe court métrage de 1965 consacré à des apprentis coiffeurs qui, dans leur temps libre, chantent des chansons pop anglaises sans en comprendre les paroles, répètent sans conviction ce qu’on leur souffle à l’oreille au moment de répondre à des questions d’ordre général et passent leurs examens sans enthousiasme. Un regard désabusé sur une société de faux semblants (Le pourboire est une marque de mépris, mais il se pratique quand même) où le socialisme n’est qu’une forme creuse et vidée de sens.
Image
Définition poussée et couleurs franches : la copie utilisée est vraiment superbe et le report en DVD ne présente aucun défaut notable.
Son
La très belle musique triste de Miroslav Korínek est particulièrement mise en valeur par une prise de son d’une remarquable propreté qui garantit un parfait confort d’écoute.
Galerie Photos
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