Le 15 novembre 2020
Un père, enseignant veuf, a pour seul objectif que son fils unique réussisse dans la vie. Yasujirõ Ozu reussit un film tout autant personnel, malgré les contraintes de la censure imposée pendant la Seconde Guerre mondiale.
- Réalisateur : Yasujirō Ozu
- Acteurs : Chishū Ryū, Shuji Sano, Shin Saburi, Takeshi Sakamoto, Shin’ichi Himori, Mitsuko Mito, Kōji Mitsui (Hideo Mitsui), Masao Hayama, Haruhiko Tsuda
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h26mn
- Reprise: 8 novembre 2023
- Titre original : Chichi ariki
- Date de sortie : 29 juin 2005
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– Reprise en version restaurée : 8 novembre 2023
– Année de production : 1942
Résumé : Shuhei Horikawa (Chishū Ryū), professeur reconnu, veuf, élève seul son fils Ryohei (Haruhiko Tsuda puis Shūji Sano). Lors d’un voyage scolaire, l’un de ses élèves se noie lors d’une sortie en barque non autorisée. Se sentant responsable, il décide de démissionner. Il change de ville et envoie son fils au pensionnat pour qu’il poursuive ses études.
Critique : Pendant les années de guerre, Yazujirõ Ozu a peu tourné. Le pouvoir japonais exigeait des cinéastes de proposer des films de propagande exaltant le dévouement à la patrie, ce qu’il refusait tel quel. Il peut néanmoins réaliser quelques films qui s’en affranchissent largement, grâce à sa grande notoriété et ses succès réguliers.
En 1942, il reprend un sujet, en partie autobiographique, élaboré plusieurs années avant. Cette histoire lui permet de respecter les règles en vigueur : l’exaltation des valeurs de la famille, mais en la détournant quelque peu.
Le père qu’il décrit, d’une rectitude totale, n’a qu’une idée en tête : que son fils fasse de brillantes études pour réussir dans la vie. Seulement, pour y arriver, il se privera de vivre avec lui : l’enfant vivra en pension en province, et lui partira pour Tokyo où il occupera une fonction administrative monotone. Le fils, lui,regrettera toujours d’être coupé de ce père qu’il vénère, et ses tentatives de rapprochement seront toujours contrées pour des raisons impérieuses, selon le père. Sur les dix ans où se déroule le récit, seules quelques vacances leur permettront de se retrouver.
Le cinéaste fait évoluer l’histoire par de nombreux plans fixes, souvent autour d’un repas, tout en retenue, sans éclats de voix, où les silences et les regards sont souvent plus éloquents que les mots. Sous prétexte de réussite sociale, le père frustrera son fils, qui accepte docilement ce manque affectif.
Ainsi, leurs rares rencontres seront des moments de bonheur concentré, lors d’une partie de pêche par exemple ou encore au sauna. Ils inspireront de très beaux plans au cinéaste qui s’attarde sur ses activités partagées.
Le père se rendra peut-être compte de ne pas avoir forcément fait les bons choix lors d’un repas, organisé en son honneur et celui d’un ancien collègue, par des anciens élèves. Lui-même et son fils vivent seuls, alors que tous ces élèves (de l’âge de son fils) sont mariés et père de famille.
Même contraint par une censure stricte, le cinéaste poursuit son étude de l’évolution de la société japonaise. Il distille une petite musique à la fois poétique et sociale, qui reste douce, mélancolique et finalement universelle.
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