Le 25 juillet 2020
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Avec sa femme Jeanne-Claude de Guillebon, il avait formé le célèbre Christo, qui avait notamment empaqueté le Pont-Neuf en 1985. L’artiste-plasticien Christo Vladimiroff Javacheff s’est éteint le 31 mai dernier, à l’âge de 84 ans. Hommage à un duo visionnaire.
Hommage : Grand représentants du Nouveau Réalisme, privilégiant comme leurs collègues de ce mouvement artistique les "actions-spectacles", Christo est la rencontre de Christo Vladimirov Javacheff et de Jeanne-Claude de Guillebon. Le premier fuit le régime communiste bulgare et le réalisme socialiste, après avoir étudié aux Beaux-Arts de Sofia. Il s’installe à Paris, où il crée des portraits à l’huile, puis des peintures abstraites, fréquente aussi le groupe des Nouveaux Réalistes initiés par Yves Klein et Pierre Restany, commence à emballer des modèles, puis rencontre celle qui deviendra sa compagne, Jeanne-Claude.
Après leur mariage, les deux artistes s’installeront à Manhattan en 1964, dans un immeuble qu’ils rachètent. Ils se font rapidement connaître par une création éphémère qui sera leur marque de fabrique : Murs de baril de pétrole, en 1962, pour protester contre la présence du mur de Berlin, construit l’année précédente, symbole de la guerre froide, qui séparait symboliquement la ville allemande en deux parties. 240 barils bloqueront la rue Visconti pendant plusieurs heures et vaudront une convocation des créateurs au commissariat, sans poursuites judiciaires. Le couple se fait remarquer par ce premier coup d’éclat.
Puis viendront les projets de grande envergure : en 1969, ils recouvrent cinq kilomètres de falaise australienne, s’attaquent ensuite à un projet qui leur demandera deux ans de travail, entre 1970 et 1972 (Valley Curtain, un immense rideau tendu de nylon orange, entre les massifs de Grand junction et Glenwood Spring).
Mais c’est leur empaquetage de grands monuments, dans une perspective d’art in situ, s’appuyant à la fois sur une création fugitive et visuellement impressionnante, qui leur apportera une notoriété définitive : on se souvient évidemment de l’emballage du Pont-Neuf en 1985, du Reichstag dix ans plus tard, la manière dont les "habillages" ont modifié la nature patrimoniale de ces édifications emblématiques, pour en faire des productions étonnantes, réactualisées, comme issues de la modernité artistique. On se rappelle aussi les polémiques engendrées par ces projets très coûteux (1,2 million de francs pour le Pont-Neuf), qualifiés quelquefois d’initiatives inutiles, et même symptomatiques, pour certains, d’une forme de vacuité.
Or, déliées d’une obsession de la signification, les œuvres de Christo ne postulent qu’une beauté sans lendemain, qui sort du cadre des intentions artistiques pérennes, conçues pour devenir la propriété de quelques-uns, bien sûr les plus riches : "personne ne peut acheter ces œuvres, personne ne peut les posséder, personne ne peut les commercialiser, personne ne peut vendre des billets pour les voir… Notre travail parle de liberté.", commentait Christo, pour expliquer un geste à bien des égards unique.
En attendant de retrouver l’empaquetage de L’arc de triomphe de l’Étoile prévu à l’automne 2021, on peut se rendre au Centre Pompidou pour aller visiter l’exposition Christo et Jeanne-Claude Paris !, jusqu’au 19 octobre 2020.
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