Le 10 avril 2024
Un magistral polar, qui rencontra peu d’écho critique en son temps, mais obtiendra avec le temps le statut de film culte.
- Réalisateur : Robert Harmon
- Acteurs : Jennifer Jason Leigh, Rutger Hauer, Billy Green Bush, Jeffrey DeMunn, Jack Thibeau, C. Thomas Howell, John M. Jackson
- Genre : Action, Thriller, Épouvante-horreur, Road movie, LGBTQIA+, Remake, Film culte
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Editeur vidéo : Tamasa
- Durée : 1h37mn
- Reprise: 10 avril 2024
- Box-office : 740 734 entrées (France)
- Titre original : The Hitcher
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 25 juin 1986
– Reprise en version restaurée : 10 avril 2024
Résumé : Jim occupe son long trajet en voiture en prenant un auto-stoppeur. Peu avenant, celui qui se présente sous le nom de John Ryder se révèle être en réalité un tueur sans pitié. Jim parvient à s’en débarrasser, mais le psychopathe de la route n’en a pas fini avec lui…
Critique : Grand Prix du Festival de Cognac 1986, Hitcher est le premier long métrage de Robert Harmon, ancien caméraman et directeur de la photographie. Le scénario, signé Eric Red (Aux frontières de l’aube), est inspiré d’un fait divers des années 1950, qui avait vu un psychopathe se faire passer pour un auto-stoppeur sur les routes désertiques du Texas, et assassiner une vingtaine de personnes. Ida Lupino en avait déjà tiré un long métrage, Le voyage de la peur. Le récit est réellement palpitant, le spectateur étant censé s’identifier à son jeune protagoniste, Jim Halsey, qui doit convoyer un véhicule de Chicago à San Diego. Le brave jeune homme est très vite pris dans un engrenage cauchemardesque, traqué par un serial killer qui l’épargne pour lui faire endosser ses meurtres et peut-être pour témoigner d’un certain sentiment à son égard. Les références externes ne manquent pas. On songe bien sûr à Hitchcock pour le thème du faux coupable, mais aussi en raison de l’ambiguité de Jim, oscillant entre la naïveté et la détermination du personnage de Marion Crane dans Psychose.
- Rutger Hauer
- © 1986 HBO Pictures / © 2024 Tamasa Distribution. Tous droits réservés.
D’ailleurs une conduite automobile sous la pluie, déstabilisant le conducteur et, plus tard dans la narration, une douche faussement purificatrice, semblent des scènes dans la continuité du classique de Hitchcock. Simplement, Robert Harmon introduit très vite le drame et l’horreur, contrairement à son prédécesseur qui préférait faire monter la tension pendant trois quarts d’heure, pour ensuite prendre par surprise son public. On notera aussi l’influence de deux road movies pour le moins flippants, à savoir Duel de Spielberg et Mad Max de Miller. Mais loin d’être tenté par le plagiat, le réalisateur propose un long métrage subtil et redoutablement efficace, dont plusieurs séquences hanteront le spectateur, d’une menace au couteau dans une voiture à un ultime règlement de comptes dans le désert, en passant par un faux repos du guerrier dans une cafeteria locale. Les course-poursuites sont filmées avec maestria, mais sans l’esbroufe de maintes productions du genre. Elles s’inscrivent avec cohérence dans une mise en scène à la fois élégante et efficace.
- C. Thomas Howell
- © 1986 HBO Pictures / © 2024 Tamasa Distribution. Tous droits réservés.
Hitcher reçut un accueil poli mais distant de la critique à sa sortie. On pouvait ainsi lire dans La Revue du Cinéma : « Solidement réalisé, le film vaut surtout par l’interprétation de Rutger Hauer, plus inquiétant et malsain que jamais » (Philippe Ross, La saison cinématographique 1986). Il est vrai que l’acteur de Blade Runner est stupéfiant en very bad guy, compensant les faiblesses de son partenaire, le beau gosse C. Thomas Howell, ado dans E.T. et Outsiders. En dépit d’autres réserves mineures (le personnage de la débutante Jennifer Jason Leigh, pourtant sobre à l’époque), Hitcher est une authentique réussite. C’est pourtant le seul titre de gloire de son réalisateur, qui décevra avec ses trois autres longs métrages, dont le nanardesque Highwaymen.
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birulune 12 décembre 2017
Hitcher - Robert Harmon - critique
Peu de dialogue, le film est habité par ce silence qui en dit long:John Ryder, croque mitaine des routes, montre son visage et laisse entendre sa voix. Il est la peur incarnée, toujours là où on l’attend pas:il entre partout et il ne laisse pas de témoin. A part ce jeune garçon d’une sensualité suintante qui arrivera finalement à se débarrasser de cet aspect d’angélisme profond pour devenir homme.
Ryder, c’est les pulsions, et tête d’ange doit l’arrêter.
D’abord il cherche à appeler a l’aide (téléphone=but ultime) quand il rencontre la serveuse, scène de coolitude assez incongrue après de telles péripéties routières, mais bon, c’est ça la jeunesse, ça échappe au moins 2 fois a la mort et puis suffit d’un hamburger-frites pour se remettre de ses émotions, il y a la scène du doigt et on bascule dans l’autre sens, il faut surtout fuir les autorités ( téléphone =danger).
Un scénario béton et des enjeux toujours lisibles, épurés. Survie, complexe de Cassandre et un peu de"il faut tuer le père".
Pour ce qui est de leur relation bizarre ( Ryder un homo ? Non...) je me dis que l’on retrouve bien l’esprit de l’époque où la rébellion du fils contre l’image du père (violent, castrateur) n’était pas une mauvaise chose.
On se sent parano en sortant de ce film.