Extraterrestre extra
Le 26 avril 2023
Un film majeur de l’histoire du septième art, par Steven Spielberg.
- Réalisateur : Steven Spielberg
- Acteurs : Drew Barrymore, Debra Winger, Dee Wallace, Henry Thomas, Peter Coyote, C. Thomas Howell
- Nationalité : Américain
- Distributeur : UIP (United International Pictures)
- Durée : 2h00mn
- Date télé : 27 décembre 2020 14:20
- Chaîne : France 2
- Reprise: 3 avril 2002
- Box-office : 7.881.332 entrées France (Première exploitation) / 435.000.000$ (USA)
- Titre original : E.T. The Extraterrestrial
- Date de sortie : 1er décembre 1982
- Festival : Festival de Cannes 1982
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Dans la banlieue de Los Angeles, le calme règne dans la vie du jeune Elliot, jusqu’au jour où il fait la rencontre d’un petit extraterrestre qui s’est perdu sur la planète terre. Une amitié formidable va naître entre le jeune garçon et la créature venue des étoiles.
Critique : Les années 80 sont une période charnière pour Steven Spielberg. Le jeune prodige qui a réussi à faire tourner François Truffaut dans Rencontres du troisième type va définitivement asseoir sa renommée en 1981 avec Les aventuriers de l’arche perdue, chef-d’œuvre intemporel et matrice du cinéma d’aventure moderne. Alors que Rencontres du troisième type, sorti cinq ans plus tôt, proposait une relecture pacifiste d’une invasion extraterrestre, la sortie en 1982 d’E.T. l’extraterrestre continue de creuser le sillon pour proposer cette fois une vision plus intimiste, à hauteur d’enfant, de la rencontre avec une vie extraterrestre.
Présenté en clôture du 35e festival de Cannes, le film est un véritable triomphe international, et reste aujourd’hui le quatrième plus gros succès du box-office américain, devant Titanic. Une histoire d’amour avec le public et la critique, dont le succès repose sur un équilibre assez inouï entre plusieurs composantes du cinéma de Spielberg. La trame, simple, mais jamais simpliste, est une sorte de buddy movie à l’envers. Hormis leurs origines, E.T. et Elliot se ressemblent et s’assemblent. Tous deux ont perdu leur famille. L’un au sens propre, puisque les siens ont été forcés de partir, le laissant livré à lui-même sur une planète qu’il ne connaît pas. L’autre, au sens figuré. L’absence du père, motif récurrent chez Spielberg, est ici représentée dans son expression la plus claire, à travers une cellule familiale dont l’équilibre est brisé par la séparation des parents et le départ du père. L’intelligence du scénario vient de ce qu’il matérialise cette relation fusionnelle des deux personnages par une très belle idée de cinéma fantastique. Dès lors qu’ils se rencontrent, une connexion des esprits s’opère entre Elliot l’enfant et E.T. l’extraterrestre. Quand l’un souffre, l’autre aussi. Quand E.T. a peur, Elliot aussi. Idée géniale qui offre d’ailleurs au film une scène très drôle où l’extraterrestre, seul dans la maison, découvre les effets de l’alcool. Dans un montage parallèle, Spielberg montre Elliot, au même moment, à l’école, ressentir l’ivresse de son compagnon. Cette fusion des deux êtres permet l’empathie, non pas seulement pour l’un ou l’autre, mais pour un vrai "couple" de cinéma.
La justesse de la relation entre l’extraterrestre et l’enfant vient aussi de ce qu’elle est dictée par un apprentissage mutuel, qui passe par des scènes intimistes d’une simplicité déconcertante, mais bienvenue. Comme Elliot, le spectateur découvre l’extraterrestre petit à petit, Spielberg prenant le temps qu’il faut pour montrer l’apprivoisement progressif qui s’opère entre les deux protagonistes.
A la clarté du récit vient se greffer une mise en scène aux multiples nuances qui, chose étonnante au regard des productions pour enfants d’aujourd’hui, ne ménage pas son public cible. Il y a, dans E.T. l’extraterrestre, de vrais moments de frayeur, de poésie inquiétante, voire de terreur. On a souvent accusé Steven Spielberg d’être au mieux naïf, au pire, mièvre. Mais s’il y a bien une manière d’appréhender son oeuvre, à fortiori avec ce film, c’est à travers cette dichotomie perpétuelle de l’horreur et du merveilleux. Oui, il y a dans E.T. l’extraterrestre, comme dans Empire du Soleil, Intelligence artificielle ou, plus récemment, Cheval de Guerre, l’humaniste qui peint des images d’Épinal parce qu’il veut y croire. Une peinture idéaliste toujours exposée, pourtant, à son négatif. Une fête d’Halloween dans E.T. l’extraterrestre, une histoire pour s’endormir dans Intelligence artificielle, une scène d’amour dans Munich. Autant d’instants de bonheur qui sombrent dans la noirceur ou la mélancolie. Et si, dans E.T., comme dans La guerre des mondes, tout est bien qui finit bien, c’est que Spielberg, trop conscient de la naïveté de sa vision et de sa désuétude, ne semble pas vouloir se résoudre à laisser gagner le reflet négatif de son miroir mental (il se laissera pleinement tenter avec Munich, son œuvre la plus désespérée à ce jour).
E.T l’extraterrestre n’en demeure pas moins bienveillant ; son message de paix et de tolérance est transmis avec une telle grâce qu’il saura toucher le cœur des plus cyniques. A la maestria du réalisateur de Jurassic Park vient s’ajouter celle de son ami et éternel collaborateur John Williams, qui a composé, à quelques exceptions près, toutes les bandes originales des films de Spielberg. Sa partition achève de donner au métrage son aura si particulière, et offre dans la dernière bobine, épique, une composition inoubliable, à l’image d’un film généreux, à l’imaginaire qui traîne longtemps dans la tête des enfants, de 7 à 77 ans.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.