Paris latino
Le 27 août 2003
Paris, les années 60, la bohème version sud-américaine. Quatorze nouvelles drôles, tendres, mélancoliques pour aimer et pour rire, pour boire ou pour danser des tonderos, des marineras et des tristes.
- Auteur : Alfredo Bryce-Echenique
- Editeur : Métailié
- Genre : Roman & fiction
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Ah, Paris à la fin des années 60 ! Sartre, Truffaut, la Sorbonne, le flirt sur les quais de Seine, la terrasse du Flore, le joli mois de mai, les intellos chevelus ! Mais aussi les chambres de bonne avec toilettes à l’extérieur, les concierges féroces, le gros rouge qui tache, le néant gustatif des "restaus U"... ! Qu’importent les clichés, les zones d’ombre... Aux yeux d’Alfredo et de ses amis de la communauté sud-américaine - une joyeuse bande d’étudiants au long cours, de boursiers prolongés et d’attachés culturels - Lutèce reste une cité lumière, une "fête en mouvement", le havre des dilettantes, des cinéphiles, des amoureux et des poètes. Une ville pour aimer et pour rire, pour boire et pour rêver, pour danser des tonderos, des marineras et des tristes. Oui, parfois aussi, des tristes, pour la nostalgie douce, les pleurs et les regrets.
Un apprenti latin lover bredouille, bombant vainement le torse autour du Panthéon ; les largesses d’une adorable mécène, le temps d’une liaison, de quelques étés ; le dilemme d’un indécis : sa femme ou son chat noir ? ; deux compères "quichottestes" embringués dans un projet d’assassinat ; un amour éternel jamais concrétisé ; un ami qui s’échoue, seul, désespéré ; l’agonie magnifique de l’acteur Richard Widmark ; la grâce "météorique" d’une dame germanophone... Impossible de résumer en quelques adjectifs (baroques, picaresques, épicées et pourtant si légères, délicates, parfum fleur d’oranger) les quatorze nouvelles "parisiennes" du Péruvien francophile Alfredo Bryce-Echenique, qui nous a déjà régalés dans le passé avec L’homme qui parlait d’Octavia de Cadix ou La vie exagérée de Martin Romana [1]. Difficile aussi de décrire son style prolifique, torrentiel, "exagéré", plein d’inversions, de courts circuits, de coq-à-l’âne et de néologismes, sans en donner un avant-goût tronqué (les phrases prennent souvent chez lui la dimension de paragraphes) : "Sa présence si congolaisement péruvienne exacerba un fort processus d’acidité, de gastrite, d’aryo-rictus et de Weltanschauung complètement sens dessus dessous". Rassurez-vous, tout cela se comprend parfaitement bien dans son contexte : la langue de Bryce-Echenique est une danse. Il suffit de se laisser entraîner.
Alfredo Bryce-Echenique, Guide triste de Paris (traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu), Métailié, 2003, 187 pages, 16 €>
[1] tous deux disponibles en poche, chez Points Seuil
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