La loi du silence
Le 13 septembre 2009
Deux hommes. Deux solitudes. Une rencontre et un au revoir. Comme un souffle, Goodbye Solo expose pudiquement, non sans une distanciation émotionnelle, une sincère et humaniste tranche de vie.
- Réalisateur : Ramin Bahrani
- Acteurs : Red West, Souléymane Sy Savané, Diana Franco Galindo, Carmen Leyva
- Genre : Comédie dramatique
- Date de sortie : 9 septembre 2009
– Durée : 1h31mn
Deux hommes. Deux solitudes. Une rencontre et un au revoir. Comme un souffle, Goodbye Solo expose pudiquement, non sans une distanciation émotionnelle, une sincère et humaniste tranche de vie.
L’argument : Winston Salem, Caroline du Nord.
Solo, jeune chauffeur de taxi d’origine sénégalaise, est engagé pour une course très spéciale : William, vieil homme sombre et taciturne, lui demande de le conduire deux semaines plus tard au sommet de la montagne "Blowing Rock". Sans retour.
Bien décidé à lui faire changer d’avis, Solo décide d’entrer dans la vie de William en devenant son chauffeur attitré. Il espère ainsi garder un œil sur lui et découvrir ses secrets.
Pour William, le vieux rocker sudiste, le Rêve américain n’est plus qu’un passé amer, pour Solo c’est encore une promesse d’avenir. Malgré leurs différences, les deux hommes vont apprendre à s’apprécier.
Cette amitié inattendue sauvera-t-elle William ?
Notre avis : Retraçant les trajets et les rencontres d’un jeune conducteur de taxi avec un de ses clients décidé à mourir, l’intrigue de Goodbye Solo est ténue. Discerner les pensées profondes des personnages et deviner ce qu’il adviendra d’eux représente un pari difficile tant l’évolution des héros est énigmatique et relève d’une introspection laissant le spectateur dans l’expectative.
La finesse du nouveau film du réalisateur de Chop Shop vient de sa prise de recul vis-à-vis de la solitude, qu’il présente sous toutes ses formes, morales et complexes. La rencontre entre les deux hommes est fortuite, liée aux besoins du plus âgé de se déplacer à travers la ville, le poussant à emprunter un taxi mené par Solo, le conducteur. La caméra, parfaitement fixe, posée sur le capot de la voiture, capte les humeurs de l’un et l’autre qui, bien qu’ils apparaissent dans le même cadre, ne créent pas de véritable échange. On est évidemment tenté de penser à la séquence d’ouverture de Le temps qu’il reste d’Elia Suleiman où l’obscurité de la nuit envahit l’intérieur du taxi dans lequel se trouve le cinéaste, confronté à ses souvenirs. Aucun contact n’est possible tant qu’il n’a pas fait la lumière sur son histoire. Le conducteur ne peut donc qu’être un accompagnateur.
Le taxi, parce qu’il est un moyen de transit, est un lieu de progression, de passage d’un état stationnaire des personnages à une pensée évolutive. La voiture, telle un troisième protagoniste, équilibre les rapports des héros de Goodbye Solo. Ce long-métrage peut être perçu à la manière de Vivre sa vie (1962) de Jean-Luc Godard où Anna Karina meurt devant la voiture, témoin muet du drame, que rien ni personne n’aurait pu empêcher. William comme la prostituée, héroïne du film du plus célèbre cinéaste de la Nouvelle Vague, suivent un parcours ineluctable assez similaire. Ni la peur ni autrui ne peuvent les empêcher de se réaliser ou de se détruire.
Ramin Bahrani n’évite cependant pas une certaine aridité émotionnelle à force de neutralité à l’encontre de son sujet, mais il a le mérite de placer singulièrement le spectateur devant ses propres questionnements existentiels. C’est pourquoi on applaudit la force tranquille des deux acteurs, Red West et Souléymane Sy Savané, qui maintiennent la tension dramatique de bout en bout et font de Goodbye Solo une œuvre appréciable et humaniste.
- © Eurozoom
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Norman06 27 octobre 2009
Goodbye Solo - La critique
Une greffe réussie du ton minimaliste du cinéma iranien sur la veine indépendante américaine. Le film évite les clichés du récit d’amitié improbable (de Bagdad Café à Driving Miss Daisy) pour se concentrer sur les failles de personnages sortant des archétypes. La dernière demi-heure est un modèle d’épure narrative.