Manhattan Sisyphe
Le 10 mai 2006
Un film très noir et profondément humain, qui tiens à la fois du documentaire et de la fiction métaphorique. Triste, simple et beau.
- Réalisateur : Ramin Bahrani
- Acteur : Ahmad Razvi
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Iranien
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– Durée : 1h26mn
Un film très noir et profondément humain, qui tiens à la fois du documentaire et de la fiction métaphorique. Triste, simple et beau.
L’argument : A Manhattan, Ahmad vend des donuts, du café et du thé dans sa petite cabine à roulettes, chaque jour, dès avant l’aube. Seul, sans sa femme, éloigné de son enfant, Ahmad le Pakistanais survit, tant bien que mal, de commerces et d’entre aide avec sa communauté. Dans son pays, Ahmad était une star du rock...
Notre avis : Dans l’Amérique de l’après 11 Septembre, Ahmad est un suspect. Barbu, chevelu, pas toujours très propre, il trimballe nuit et jour avec lui sa bombonne de gaz, et chaque matin sa lourde cabine à roulettes. Ahmad ferait peur sans doute à certains. Des Ahmad, il en existe des centaines, des milliers à New York. Man push cart est le portrait d’un d’entre eux, certes pas le plus anodin, car ancienne star du rock au Pakistan. Mais combien d’entre ses semblables, qui ancien professeur, qui ingénieur, vendent des croissants aux hommes d’affaire de Manhattan chaque matin à l’aube ?
Man push cart n’est pas un film à thèse, pas plus qu’un documentaire. C’est le portrait sans artifices d’un homme brisé, qui laisse rêves et espoirs glisser sur lui et disparaître aussitôt aperçus. C’est une histoire triste, noire, nocturne, celle d’un étranger perdu dans sa vie et sa ville. Ramin Bahrani l’a voulue une réécriture du mythe de Sisyphe, Ahmad poussant sa pierre à lui - son chariot - jusqu’au sommet de la colline, pour la laisser rouler de nouveau jusqu’à son bas. Son but, revendiqué, exprimer toute la peine et la souffrance de cette victime qui se laisse irrémédiablement emporter par la mélancolie (dont on ne saura pas toute l’histoire).
Plus que d’émouvoir, le film marque par son réalisme, sa sobriété, et la peinture réussie de ce mythe modernisé. Ahmad, aussi dépressif et négatif soit-il, est touchant. A travers ses errements, Man push cart ressemble à ces promenades pluvieuses et solitaires, où, tête basse, on marche au loin, avant de se rendre compte qu’on est revenu à son point de départ...
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