Le 26 septembre 2021
Les vies des artistes ne suscitent pas nécessairement le même intérêt que leurs œuvres. Mais lorsque leur renommée proclame leur mérite, les amateurs, le grand public aiment à connaître la personne derrière l’œuvre. Avec cet ouvrage de rentrée, Hazan entend combler par la biographie de la peintre américaine, Georgia O’Keeffe, cette curiosité restée jusque-là insatisfaite en France. Ce livre s’adresse au monde de l’art, mais aussi à toute femme désireuse d’être elle-même !
- Auteur : Marie Garraut
- Editeur : Hazan
- Genre : Biographie
- Nationalité : France
- Date de sortie : 8 septembre 2021
- Plus d'informations : Le site officiel de l’éditeur
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Résumé : "Cette biographie sur Georgia O’Keeffe, rédigée par Marie Garraut, historienne de l’art, est publiée à l’occasion d’une exposition rétrospective organisée par le Centre Pompidou du 08 septembre au 6 décembre 2021, qui, pour la première fois en France, célèbre cette artiste unique, à l’œuvre inclassable. « Sentir l’Amérique, vivre l’Amérique, aimer l’Amérique », tel est le mantra de celle qui dans sa peinture a donné à ce continent sa propre voix. Georgia O’Keeffe pourrait être l’héroïne d’un roman d’aventures ou d’un western, tant elle a épousé la geste du Nouveau Monde. Et c’est comme un roman que se lit le récit de Marie Garraut, qui retrace avec la rigueur de l’historienne la trajectoire de cette écologiste avant l’heure, farouche incarnation de la femme émancipée et artiste dont l’oeuvre n’a cessé de se renouveler tout au long du xxe siècle. Fille d’immigrés, née dans le Wisconsin, Georgia O’Keeffe (1887- 1986) fait ses premiers pas de peintre à succès dans le New York des années 1920, où sa relation amoureuse avec le photographe et galeriste Alfred Stieglitz défraie la chronique. Sa peinture de fleurs, moderne et proprement américaine, bouleverse alors le monde de l’art. En quête de grands espaces, O’Keeffe rompt avec la ville et fait le choix du Nouveau- Mexique, sa terre d’élection, pour y peindre l’essence même de ce pays : ciels ardents, paysages de plateaux et de canyons, signes d’une présence animale immémoriale ou traces de spiritualité hispanique et amérindienne. La maîtrise de sa vie et le contrôle constant de son image – elle a été photographiée par les plus grands artistes de son temps – ont mené paradoxalement Georgia O’Keeffe vers un formidable espace de liberté. Clos ou ouverts, petits ou immenses, en ville ou au cœur de la nature, l’artiste a su construire des « lieux à elle » qui furent autant de terrains de réflexion et de création".
Critique : Dans le monde moderne, on peut presque dire que le récit de la vie de l’artiste fait partie intégrante de la démarche créative, puisqu’elle influe sur les thèmes des représentations qu’il propose. Cette histoire récente et documentée, la renommée de l’artiste, la mémoire encore vive d’un pays dominant, dont l’histoire post indienne a débuté à l’ère industrielle, permettent à Marie Garraut de livrer un ouvrage factuel et frais, sans suppositions ou interprétations hagiographiques. Cette production peut aussi s’inscrire dans une logique moderne de libération de la femme, dans sa lutte permanente pour l’accès aux autres rôles que ceux qui sont subordonnés à l’homme. Georgia O’Keffe est une pionnière, intrépide, inventive et indépendante, une figure qui peut être exemplaire pour toutes celles qui aspirent aujourd’hui à ne pas demander l’autorisation d’exister. Le vent chaud du Nouveau-Mexique souffle ici la liberté, inspire l’aventure, recommande le goût des sens, célèbre la couleur. L’artiste souhaite toucher le bonheur vivifiant d’un retour à la nature, d’une indépendance farouche, dégrossie vis-à-vis des conventions pesantes de l’Europe du dix-neuvième siècle. Etre tout à fait américaine, une peintre uniquement américaine, passait par les représentations inspirées de ce territoire et par l’oubli de l’art européen, le mauvais comme le très bon, abandonné dans les cales de l’immigration.
- © Tony Vaccaro/Getty
- « Pelvis Series, Red With Yellow » (1945), à Albuquerque (Nouveau-Mexique), en 1960.
De nombreux ouvrages existent déjà outre-Atlantique, y compris une autobiographie maîtrisée parue de son vivant. De plus, une très importante correspondance entre elle et son mari a fourni une matière permettant d’augmenter le récit des faits, de l’exacte perception de l’artiste vis-à-vis de sa production ou de la vie en général.
Le travail de l’auteure est donc davantage celui d’une adaptation, voire d’une traduction, à en juger par le volumineux chapitre des références. Le style littéraire est sensible, les commentaires réservés, resituant pudiquement l’intimité de l’artiste fondue dans l’histoire du marché de l’art et de la société, notamment au sujet de l’influent M. Stieglitz, son mari-amant. C’est un travail universitaire qui permet de comprendre le parcours de cette artiste. C’est un outil technique, pas un passionnant roman de Stéphan Zweig ou une liste de potins d’un journaliste télé, amouraché d’histoire de l’art.
Le choix de la photo de couverture répond bien au thème du livre et probablement à un aspect de son caractère. On peut dire légèrement que l’artiste n’y apparaît pas très marrante. Elle pose perplexe et sans concession, à la limite de l’androgynie. C’est un parti pris fort de l’éditeur, intriguant, pas forcément attirant mais qui se comprend à la lecture.
L’ouvrage est truffé de citations bien choisies de l’artiste, comme celle-ci, sur le contexte de sa célébrité et les qualités de ses œuvres, avec laquelle on ne peut être qu’en accord : J’ai souvent eu le sentiment que j’aurais pu être un bien meilleur peintre et être bien moins reconnue. Belle honnêteté, touchante, pleine de discernement. Pour conclure sur cet ouvrage qui permet de mieux comprendre le destin humain au-delà des questions de genre, voici une réflexion, simple et puissante, une courte phrase à méditer : on travaille parce qu’il n’y a rien de plus intéressant à faire.
A voir dans les grands musées américains, à lire avant ou après le voyage.
Format :160 x 235 mm
192 pages - 25 €
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