Ultra moderne solitude
Le 1er mars 2006
Un portrait tendrement désenchanté porté par une étonnante Diane Kruger.
- Réalisateur : Fabienne Berthaud
- Acteurs : Diane Kruger, Brigitte Catillon, Jeannick Gravelines
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h30mn
Un portrait tendrement désenchanté porté par une étonnante Diane Kruger.
L’argument : Frankie, 26 ans, ange blond à la beauté froide et fragile, vient d’être hospitalisée dans une clinique psychiatrique où elle se reconstruit peu à peu...
Mais qu’est-il arrivé à Frankie pour qu’elle en arrive là ? Son histoire est celle d’un mannequin qui n’est plus assez jeune, plus assez belle... Dans un monde de paillettes et de faux-semblants, où règnent la jeunesse et l’éphémère, Frankie ne trouve plus sa place. Désillusion d’une femme en fin de carrière qui s’aperçoit de l’immensité de sa solitude...
Notre avis : L’aliénation (et la lente dérive vers une sorte de folie douce) est un thème particulièrement rabâché qui a donné au septième art quelques-uns de ses plus beaux joyaux, et dont on peut se demander ce que peuvent y rajouter les cinéastes contemporains. Pourtant, à y regarder de plus près, la problématique semble avoir été déplacée. Le cinéma des années 60 et 70 grouillait de personnages (des femmes, le plus souvent) en totale inadéquation avec la société dans laquelle ils évoluaient. Concrètement, cela a donné des films à la limite du road-movie, comme Rain people, ou encore le cultissime Wanda. De nos jours, les variables d’enfermement et d’aliénation ne sont plus à chercher du côté d’une société figée dans un bonheur préfabriqué, mais plutôt de celui de la religion (au risque de nous répéter, Prendre femme et Avanim nous en ont fait la brillante démonstration l’année dernière) et du travail. On ne s’étonnera donc pas d’apprendre que ce Frankie prend place dans l’univers (impitoyable, forcément) du mannequinat, dont la réputation n’est pas à refaire [1]
Fabienne Berthaud fait preuve d’une certaine audace, n’hésitant pas à brouiller les cartes narratives (le film joue sur la temporalité) et à se permettre de longs passages dans une clinique de soin (où la réalisatrice laisse errer sa caméra, dans l’espoir, un peu vain, de capter le mystère et la magie du lieu). L’audace est également formelle, la mise en scène post-Dogme privilégiant les gros plans sensoriels, dans une volonté de percer au plus près du jeu de l’acteur.
Nous l’avons compris, le film se place sous l’ascendance directe d’un Cassavetes (modèle Une femme sous influence). On se réjouirait si sa structure dichotomique n’avait pas tendance à nuire au récit. On pense ainsi aux scènes de clinique, qui, si elles partent d’une belle intention (retranscrire l’atmosphère si particulière de ce lieu, où le temps est comme suspendu) s’avèrent pour le moins pénible, intermèdes aphasique devant d’avantage au documentaire (acteurs "amateurs", laideur blanchâtre) qu’au cinéma et qui, faute de susciter une quelconque magie, provoquent un ennui certain.
Toutefois, Frankie s’avère particulièrement convaincant dans sa description du mannequinat avec, en point d’orgue, deux séquences éprouvantes : une séance photo qui n’en finit pas, et un casting vaguement irréel. C’est lors de ces moments que Diane Kruger, elle-même ex-mannequin, parvient à réellement nous surprendre. L’héroïne de Joyeux Noël fait preuve d’une subtilité que l’on ne lui connaissait pas, et appuie élégamment les errances de son personnage avec, en fond sonore, la pop de conte de fée de Cocusuma . De quoi se prendre d’affection pour ce film hybride et un peu fragile.
[1] Beau joueur, l’agence de top-models Elite a participé au tournage du film.
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