Résurgences
Le 19 mai 2004
Douleurs qui remontent, images qui reviennent : une approche convaincante et personnelle de l’œuvre de Bacon.
- Auteur : Pierre Charras
- Editeur : Le Dilettante
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
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Devant les tableaux de Francis Bacon, les douleurs remontent, les images reviennent. Une approche convaincante et personnelle des œuvres et des bouleversements qu’elles suscitent.
C’est presque par hasard que Francis, le héros de Pierre Charras, se retrouve nez à nez avec les tableaux de Francis Bacon. La peinture, ça ne l’a jamais vraiment intéressé. Mais face aux toiles, c’est à ses propres douleurs qu’il se trouve confronté, quand remontent un à un les moments forts de sa vie, les terreurs comme les éblouissements, tout ce qui l’a interpellé et construit.
Cette série de textes courts, tous inspirés d’un tableau ou d’un élément pictural, forment autant d’instantanés, d’images fortes que l’on retient d’une vie. Elle défile, l’existence de Francis. Pas d’une manière tranquille et fluide mais par flashes brefs, souvent empreints d’horreur, crus et directs, troublants comme les tableaux qui permettent ces réminiscences. Surgissent ces êtres, juste croisés, parfois, mais qui laissent longtemps leur empreinte. Cette jeune fille infirme aux yeux d’enfant qui tient un livre sous son aisselle et qui lui rappelle, dans sa grâce et sa maladresse, les grands échassiers endormis. Cet handicapé qui avance tout habillé dans la mer et que l’on doit ramener incessamment sur le rivage. Remontent les douleurs intimes, profondes, le chagrin de sa mère à la disparition de son père, la violence de ses rapports amoureux, les visions morbides qui ont marqué son enfance chez son oncle boucher. Quartiers de viande, cris et déchirements mais aussi éblouissements de ces images colorées, fortes, malgré tout.
Pierre Charras ne garde de la douleur que son intensité, de l’approche de la mort que le sursaut de vie qu’elle suscite. Aucun abattement, apitoiement ni regret. Il retient des souffrances leur chatoiement qui perdure, même loin dans la mémoire. Leur fulgurance et leur beauté. Il rejoint l’œuvre de Bacon dans cette manière d’appréhender la souffrance et de la recracher, crue et parfois lumineuse. Il ne crée ni un commentaire théorique ni une approche complètement fictionnelle mais un véritable dialogue avec les toiles, dans ces impressions brèves qui rendent à l’artiste un peu de l’émotion qu’il a pu réveiller. Un hommage pertinent et personnel, une approche originale de l’écrit sur la peinture.
Pierre Charras, Francis Bacon, le ring de la douleur, Le Dilettante, 2004, 96 pages, 11,50 €
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