France Boutique - Tonie Marshall - critique

Critique : Mais quelle mouche pique nos réalisatrices françaises lorsqu’elles atteignent la cinquantaine ? Après Diane Kurys et le décevant Je reste !, nettement moins fouillé que ses précédents longs métrages, c’est Tonie Marshall, jusque là plutôt culottée, qui se contente d’un film brouillon et inabouti. Et elles pêchent par le même orgueil : un défaut de scénario.
Certes, Tonie Marshall, adepte du téléachat, évoque de façon très amusante le milieu de la vente par correspondance. Pourtant, une fois effectué le tour du plateau, au cours de quelques scènes assez divertissantes, dont le ressort comique est essentiellement basé sur l’atmosphère rose bonbon des émissions et l’incongruité des produits vendus, le film tourne à vide. Tonie Marshall se contente alors d’égrainer les fantasmes d’une femme délaissée qui, après s’être enivrée de champagne et de gigolos, retrouvera la magie de la vie conjugale et de l’investissement professionnel.
Resterait une galerie de personnages et un morceau de bravoure des comédiens. Mais là non plus, Tonie Marshall n’est pas au rendez-vous. Pas d’impulsive torturée comme dans Venus Beauté ou de père totalement abject comme dans Enfants de salaud, ses deux meilleurs films. Ici, les acteurs se débattent avec des personnages à peine esquissés, de la nunuche en fait très malheureuse (Judith Godrèche) à l’intello perverse (quand Hélène Fillières trouvera-t-elle un rôle à sa mesure ?). Pire, la lumineuse Karin Viard est sous-employée et même Nathalie Baye semble ailleurs...
À l’image du plateau de tournage de l’émission sur lequel se bousculent figurants, maquilleurs et accessoiristes, France Boutique est un joyeux fouillis sans queue ni tête. Tonie Marshall nous avait habitués à tellement mieux. Du coup, on reste sur notre faim.