Le droit d’aimer
Le 13 octobre 2015
Un très beau portrait de femme forte dans une société iranienne très codifiée.
- Réalisateur : Ida Panahandeh
- Acteurs : Sareh Bayat, Pejman Bazeghi, Navid Mohammadzadeh
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Iranien
- Durée : 1h44mn
- Date de sortie : 24 février 2016
- Festival : Festival de Cannes 2015
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– Sélectionné au Festival International du Film Indépendant de Bordeaux
Un très beau portrait de femme forte dans une société iranienne très codifiée.
L’argument : Nahid, jeune divorcée, vit seule avec son fils de 10 ans dans une petite ville au bord de la mer Caspienne. Selon la tradition iranienne, la garde de l’enfant revient au père mais ce dernier a accepté de la céder à son ex femme à condition qu’elle ne se remarie pas. La rencontre de Nahid avec un nouvel homme qui l’aime passionnément et veut l’épouser va bouleverser sa vie de femme et de mère.
© Habib Majidi
Notre avis : Récompensé par le Prix Spécial du Jury dans la catégorie Un Certain Regard à Cannes en 2015, Nahid est un film juste et intimiste, qui dresse le portrait d’une femme iranienne. Dans la lutte pour obtenir ses droits fondamentaux dans une société rigide, Nahid est face à un dilemme. Pour obtenir la garde de son fils, elle a dû faire la promesse de ne jamais se remarier. Pourtant, elle aime Masoud, qui voudrait l’épouser. A partir de là, tout se complique et la jeune femme doit faire un choix crucial. Désormais, elle sait que si elle épouse l’homme qu’elle aime, elle risque de perdre la garde de son fils. Les trois hommes qui gravitent autour d’elle - son ex mari, son fils et son amant - sont les trois extrémités d’une vie à plusieurs étapes, qu’elle doit maîtriser avec diplomatie pour garder l’équilibre.
Cette mère divorcée est une femme forte ; elle décide de se battre, de ne renoncer ni à son fils ni à son amant, refusant les dogmes qu’on lui impose. Inévitable, la crise familiale survient au moment où la liaison entre Nahid et Masoud est révélée et souligne les problèmes inhérents aux traditions. Son ancien époux qui revendique encore l’exclusivité, une famille qui refuse un nouveau départ, un amant qui revendique le mariage pour sauver son honneur, et au milieu de tout cela, un enfant ballotté entre ses deux parents, décidément rien n’est simple. Si l’héroïne incarne la femme moderne, tout son entourage s’accroche à des traditions et des règles de conduite très strictes et qui ne laissent que peu de place aux sentiments.
Nahid, c’est une histoire de déchirement que le spectateur suit de très près, pénétrant dans une intimité qui suscite l’empathie mais jamais la pitié. Le sujet est traité avec beaucoup de sobriété et de simplicité, il aborde à travers ce personnage central la question de la condition féminine, sans pour autant tomber dans un militantisme forcené. De même, le film est très réaliste mais ne donne jamais dans la surenchère, les éléments tragiques sont relativisés par la grande détermination de son personnage central qui ne se laisse jamais abattre. Contre sa famille, contre la justice, contre l’opinion publique, Nahid entend bien faire entendre sa voix et combattre l’oppression jusqu’à son dernier souffle.
© Habib Majidi
La réalisatrice semble avoir pris le parti de tout montrer, sans ellipse, afin que chacun ait le temps d’appréhender totalement ce personnage à la psychologie complexe. C’est pourquoi, les nombreuses scènes qui rythment le quotidien sont répétées à de multiples reprises (sur la plage ou encore dans le hall de l’immeuble) et renforcent l’approche réaliste de l’auteure. Chaque étape du cheminement de l’héroïne est décortiquée, des obstacles auxquels elle est confrontée jusqu’aux moyens trouvés pour les détourner.
En donnant au film le nom de la protagoniste pour titre, la réalisatrice confirme bien ses intentions de portrait ; elle offre de très beaux plans de son visage et met à l’honneur la qualité d’interprétation de Sareh Bayat. Avec finesse et expressivité, cette dernière parvient à retranscrire toutes les émotions qui traversent son personnage, tout en maintenant un côté énigmatique. Une vraie performance servie par une galerie de seconds rôles et des décors qui ont une fonction de faire-valoir, tout en occupant une place centrale dans l’intrigue.
Au final, Nahid s’impose comme une oeuvre touchante, qui permet de percer un peu plus la société iranienne à travers le portrait de cette femme émancipée qui se bat seule contre tous pour mener sa vie comme elle l’entend.
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