Le 18 octobre 2017

- Réalisateurs : Guillermo del Toro - Steven Spielberg
- Festival : Festival Lumière
Spielberg supervise une restauration sublime de Rencontres du troisième type. Retour également sur Cronos, première œuvre de Guillermo del Toro, injustement traitée en DTV en France.
Les festivités continuent à Lyon. Après l’hommage mémorable à Michael Mann et la master class émouvante donnée par Guillermo del Toro, place aux révisions : deux films aux destins très différents se font face. D’un côté un nouveau coup de génie du jeune Spielberg (30 ans à l’époque), Rencontres du troisième type avec Truffaut à l’écran et une rencontre alien déterminante pour l’histoire du cinéma. De l’autre, le premier coup d’essai de M. del Toro sorti en 1993 et couronné du Grand Prix à la Semaine de la Critique au festival de Cannes. De belles perspectives de redécouvertes cinéphiles, que seul le festival de Lyon peut proposer.
La copie de Close encounters, est magnifique, restaurée sous la direction de Spielberg en 4K (à partir du négatif original) qui en profite pour accentuer les contrastes, notamment sur la grande scène de "home invasion" où un monde vient littéralement en attaquer un autre. La puissance de la mise en scène est toujours là, et les quelques défauts du film sont vite gommés par l’obsession de Dreyfuss, tantôt drôle, tantôt inquiétant, son accent humaniste étant toujours aussi salutaire. La grande scène finale, vue et revue, copiée, imitée, parodiée arrive néanmoins toujours à toucher sa cible, grâce notamment aux notes inoubliables de John Williams. Truffaut est adoubé par son premier admirateur et connaît là une consécration mondiale. Parallèlement, Spielberg confirme qu’il faudra compter avec lui après Jaws et Sugarland Express et montre la direction de son cinéma à venir (E.T. sortira 5 années plus tard).
Moins définitif, mais tout aussi programmatique, Cronos contient déjà en germes les nombreuses obsessions des films à venir du génial mexicain. Connu et reconnu pour la puissance de son imaginaire et sa faculté à créer des créatures inoubliables, del Toro pose quelques bases, visuelles, avec très peu de moyens et une variation sur la vampirisme très personnelle. L’enfance bafouée d’une petite fille quasi-muette, la transformation de son anti-héros, à l’instar de Jeff Godblum dans La Mouche, vers quelque chose d’éternel... Son film (non restauré, fait rare à Lyon), ne manque pas de rythme et explore les recoins du gothique et du fantastique à Edgar Allan Poe comme rarement. Vrai conte funèbre aux éclats de mise en scène évidents - l’intérieur du fameux Cronos est dessiné et conçu par del Toro lui-même - ce premier long en dit beaucoup sur le talent et l’univers, intime et passionnant du cinéaste. On connait la suite...