Nouveau western
Le 11 juillet 2007
Un film rutilant et inclassable, quelque part entre Peckinpah et Leone. La classe, la vraie.
- Réalisateur : Johnnie To
- Acteurs : Nick Cheung, Simon Yam, Anthony Wong Chau-Sang
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Date de sortie : 11 juillet 2007
– Durée : 1h38mn
– Titre original : Fangzhu
– Sortie prévue en juin 2007
Un film rutilant et inclassable, quelque part entre Peckinpah et Leone. La classe, la vraie.
L’argument : Macau, 1998. Chacun est obsédé par l’idée de faire fortune au plus vite, avant que la colonie portugaise ne connaisse une ère nouvelle, sous l’autorité de la Chine. Les hommes de main, désabusés, se demandent comment tout cela va finir.
Dans cette ambiance de malaise, deux tueurs de Hong Kong arrivent pour liquider un des leurs, qui les a trahis afin de s’offrir une nouvelle vie avec femme et enfant.
Deux anciens partenaires débarquent prêts à tout pour contrecarrer son plan...
Notre avis : Confessons-le d’emblée : Exilé est certainement ce que Johnnie To a signé de mieux dans toute sa filmographie. A une heure où on pensait qu’il avait déjà tout dit sur sa grammaire cinématographique, le cinéaste, avec son élégance coutumière, renouvelle ses figures de style pour livrer un étrange capharnaüm fiévreux d’une puissance inouïe, plus proche sur ce coup de Throwdown que des exercices stylisés comme P.T.U., Breaking news ou même The mission dont Exilé est décrit à tort comme la suite directe. The mission et P.T.U. composent déjà un diptyque qu’un prochain troisième volet autour d’un pickpocket devrait compléter incessamment sous peu.
Le film labellisé Milkyway Images s’ouvre à Macau dans une chaleur écrasante et évoque, par ses touches impressionnistes et surréalistes, par son rapport ambigu avec les personnages féminins (les deux filles sont une mère pleurnicharde et une pute intraitable et vénale), par sa manière de filmer en scope des paysages arides et désertiques, les grands opus de Peckinpah. Par chance, très vite, on échappe aux écueils du pastiche référentiel pour fureter ailleurs. Johnnie To démontre ainsi qu’entre le western et le film de gangsters les bonnes vieilles recettes du cinéma ne sont pas nécessairement caduques, surtout lorsqu’elles sont revisitées de manière aussi novatrice. Qu’il pose sa caméra dans un hôtel pendant une fusillade ou qu’il filme les atermoiements sentimentaux d’une bande de triades, il impressionne les rétines. Mais last but not least, la grande réussite ne serait évidemment rien sans la présence d’Anthony Wong qui, en bon monstre de la bobine, éclipse de sa simple présence ses partenaires et dévore la pellicule à pleines dents.
Que ce soit narrativement ou techniquement, Exilé confirme que Johnnie To a désormais atteint un niveau d’épure et de précision presque flippant, et possède l’intelligence d’un classicisme à l’ancienne en même temps qu’une modernité dans le ton qui ridiculise toute concurrence. La seule inquiétude qui peut se profiler dans l’horizon de To : il a fait si bien sur ce coup qu’on ne peut s’empêcher de ressentir un léger malaise à l’idée qu’il ne pourra peut-être pas faire mieux. On dit bien peut-être. Positivement, on peut considérer ça comme un défi qu’il se lance à lui-même (et aux autres ?). Un choc comparable à celui de The killer en son temps.
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Norman06 26 avril 2009
Exilé
Un bel exercice de style, fidèle à l’univers de Johnnie To. Moins magistral que les Election ou Breaking News, cela reste un divertissement d’auteur de haut niveau.