S.O.S.
Le 13 février 2007
P.T.U. confirme la virtuosité d’un cinéaste qui privilégie la forme au fond.


- Réalisateur : Johnnie To
- Acteurs : Simon Yam, Lam Suet, Ruby Wong
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Triade
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa

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– Durée : 1h28mn
P.T.U. confirme la virtuosité d’un cinéaste qui privilégie la forme au fond.
L’argument : Le sergent Lo se fait voler son arme un soir. Un officier de la Police Tactical Unit, une unité spéciale de Hong-Kong, promet de la lui rapporter avant la fin de la nuit, et part à sa recherche avec son équipe.
En parallèle, Ponytail, le fils du chef d’une des triades, se fait assassiner et ce dernier croit que l’assassin de son fils n’est autre qu’un membre d’une triade rivale. Il est plus de minuit et la nuit ne fait que commencer pour tout le monde, flics et voyous. Dans un Hong-Kong vide de ses habitants, la chasse est ouverte...
Notre avis : P.T.U., le prochain Johnnie To à atterrir sur les écrans hexagonaux, s’inscrit davantage dans le sillage de The mission que du récent Breaking news. Le postulat de base évoque Chien enragé, de Kurosawa, dans lequel un homme se faisait également voler son arme et passait l’intégralité du film à traquer la bête qui somnolait en lui. Son objectif avec ce film ? Dynamiter avec ardeur les conventions milkywayesques et les us et coutumes d’un genre basique et sans bavure. Sa meilleure idée consiste à juxtaposer les points de vue de plusieurs personnages en simplement une nuit. Cette unité de temps suffit à déterminer les rapports de domination entre les différents clans (les triades, les flics, les voyous...) mais surtout à mettre en avant la violence d’une société déshumanisée.
En privilégiant les regards et les gestes signifiants aux longs dialogues, To signe une plongée nocturne, teintée d’absurde et de mélancolie, dans laquelle une profusion d’événements en chaîne va finalement donner lieu à un chaos délétère. Tout trouve sa résolution dans un climax aussi attendu qu’ébouriffant. Ce gunfight ultime, qui stylise la violence avec des ralentis et des effets astucieux, n’est pas aussi mémorable que celui, immobile, du centre commercial dans The mission, mais il confirme la virtuosité d’un cinéaste qui privilégie la forme au fond. On est parfaitement en droit de trouver l’exercice vain et filandreux comme hypnotique et fascinant. Mais, dans ses meilleurs moments, on s’évoque Scorsese et Schrader. Ce n’est pas rien.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Trois interviews (en moyenne d’une dizaine de minutes) des principaux intéressés de ce polar. La plus intéressante reste celle de Johnnie To, le réalisateur, véritable scalpel qui analyse sans scrupule ses choix artistiques. Une vrai leçon de cinéma.
Image & son : Un magnifique transfert hisse ce film au rang de petite perle à conserver. L’image est immaculée, dénuée de tout défauts, avec des couleurs brillantes, voire éclatantes. Un travail d’orfèvre. Le son n’est pas en reste avec une gestion des effets somptueuse.