Confessions on a sex floor
Le 30 août 2006
Un panorama unique sur la pornographie d’hier, et un moment de cinéma d’une rare intensité dans un ensemble parfois lassant.
- Réalisateurs : Paul Vecchiali - Jean-François Davy
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Opening
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Le coffret comprend Exhibition (1975), Plainte contre X (1975), Les pornocrates (1975), Exhibition 2 (1976), Prostitution (1976), Exhibition 79 (1979) de Jean-François Davy ; Change pas de main (1975) de Paul Vecchiali
Un panorama unique sur la pornographie d’hier, et un moment de cinéma d’une rare intensité dans un ensemble parfois lassant.
En son temps l’artiste Jean-François Davy avait de grandes ambitions : la Nouvelle Vague était passée par là qui avait bousculé le cinéma de papa. En 1975, ces ambitions, mises en scènes dans des films bien disparus (L’attentat en 66, Traquenards en 68...) connurent un virage sous la forme d’une sorte de "docu-interview" qui anticipe moins les Strip-tease télévisés des années 90 que les talk-shows psycho de Mireille Dumas. C’est du reste cette dernière que Jean-François Davy désigne dans le domaine de la filiation intellectuelle : tout un programme donc, décliné dans le coffret Exhibition(s) en... 7 DVD ! Rien de moins. Dont un film de Paul Vecchiali (Change pas de main), produit par Jean-François Davy. Mais pour l’essentiel, c’est-à-dire Exhibition (1975, avec Claudine Beccarie), Exhibition 2 (Sylvia Bourdon, beaucoup plus marrante), Exhibition 79, où Claudine Beccarie fait le compte de ses malheurs et déconvenues quatre ans après sa gloire, et Prostitution, un documentaire sur le sujet réalisé en 1976, l’œuvre d’un cinéaste qui, pour la première fois, s’est penché sur la question de la pornographie au cinéma.
Comment ça marche ? Pourquoi faites-vous ça ? Qu’avez-vous dans la tête ? Qu’espérez-vous de la vie ? Et votre femme, qu’est-ce qu’elle en pense ?... Jean-François Davy fait donc le tour des popotes du ciné porno des années 75 pour nous livrer les confidences et confessions des acteurs des productions "érotiques" de l’époque - artistes pour certains (Claudine Beccarie), vaguement à la ramasse et plutôt déçus pour d’autres. Sur un mode question/réponse parfois fastidieux, les films reviennent sur un âge d’or du porno où "l’industrialisation des systèmes de production" n’avait pas encore lieu. L’édition très complète de ces films documentaires offre presque un work in progress entre 1975 et 1979. Pour Jean-François Davy, largement interviewé après coup au sujet de chacun des films, il s’agit de faire œuvre documentaire, sur le mode d’un protocole compassionnel qui tourne à l’aigre-doux (Exhibition 79). Pourtant, on assiste à un véritable moment de cinéma dans l’un des films qui constituent ce coffret : Exhibition 2. Starring : Sylvia Bourdon.
Quelques années après le premier Exhibition consacré à Claudine Beccarie, l’autre star, Sylvia Bourdon, représente la face inverse, solaire et débridée, d’une pauvre fille pour qui le sexe à l’écran doit être de l’art ou de l’amour. Transfuge des années d’une libération sexuelle outrée, avec posture et inauthenticité comme seconde peau, Sylvia Bourdon donne à Jean-François Davy l’occasion de faire un film enfin réussi : un film sadomaso, mais rarement abordé avec autant de culot et délivré des ridicules de la fiction pornographique. Dans Exhibition 2, la caméra de Jean-François Davy oublie ses velléités journalistiques et revêt sans détour mais non sans audace celles de la véritable ethnographie. Entre les moments où le corps meurtri de la victime l’est de bonne foi et ceux où victime et bourreau brodent sur leur geste, Davy parvient à saisir - enfin - ce cinéma à part que ne livrent ni les plats discours de Claudine Beccarie ni ceux, tellement télévisuels au fond, des prostitués de (Prostitution). N’est pas producteur de La meilleure façon de marcher qui veut : restait à le prouver. Voilà qui est fait, au moins dans l’un des films de ce coffret.
Le coffret 7 DVD
Les DVD sont tous d’une bonne qualité, son et image compris. L’un des films fut réalisé par Paul Vecchiali (Change pas de main). Tous les films se terminent par une récente interview de leur auteur, qui revient abondamment sur les circonstances de leur tournage et celles de leur redécouverte aujourd’hui. Des images de la présentation à Cannes (Perspectives du cinéma français, 1975) et des interviews plus anciennes de Jean-François Davy permettent de comprendre l’importance de ces films dans une époque où le "X" sortait de l’ombre et participait d’un changement dans la société. Saluons le travail, long et patient, effectué par Jean-François Davy pour retrouver et regrouper des films parfois disséminés au hasard des collections et des cinémathèques.
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