Le 23 novembre 2017


- Durée : 1h00
- Reprise: 29 décembre 2017
- Genre : Théâtre (spectacles)
- Date de sortie : 23 novembre 2017

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Quelle est cette société moderne qui prétend laisser la même place aux hommes et aux femmes et qui construit insidieusement un monde de silence et de culpabilité ?
Réponse au théâtre de La Croisée des Chemins...
Copyright Théâtre La Croisée des Chemins
Notre avis : "Et j’ai pensé à la révolte" est la franche impulsion du personnage inaugural, dont l’expérience nourrit la décision, parce que, déliée d’une fidélité de principe à l’injonction paternelle, une femme raconte l’histoire de son oppression. D’autres suivront, corps en vue ou au contraire cachées. Si la conjonction présente dans le titre, anticipe de manière performative une route vers l’émancipation, elle suggère également la cohérence du programme : revenir à l’archéologie de la domination masculine, circonscrite par une série de témoignages, qui, en amont, constatent l’assignation au genre et la préséance du sexe dit "fort", en aval, ses effets dévastateurs à travers les harcèlements, les agressions sexuelles, les viols.
Le substrat de cette représentation est un matériau brut, auquel les comédiens sont restés fidèles : des récits de plusieurs femmes victimes ont été recueillis et ont nourri une trame tantôt fondée sur des prises de paroles, tantôt sur des chorégraphies qui dessinent le motif de la circularité : ainsi, les trois narratrices finissent-elles par accomplir une ronde carcérale, en psalmodiant de semblables mots. Auparavant, l’on aura vu le corps de cet être accablé, incapable de se mettre debout, sorte de Sisyphe rampant, à qui l’on aurait même confisqué son rocher.
Copyright Théâtre La Croisée des Chemins
Lorsque la parole advient, les hésitations ou l’impérieuse nécessité de l’aveu esquissent la cartographie d’un éternel malheur. La talentueuse incarnation des protagonistes lui confère un caractère particulièrement émouvant : les traumatismes font bégayer la langue, contaminent le rythme des confidences, en retardent même la survenue. Attentifs aux témoignages, les comédiens de la troupe ont privilégié la cadence de l’oralité et les corps qui les produisent, respectant la singularité de chaque expérience vécue.
S’il n’y avait, vers la fin du spectacle, une surprenante incursion dans le registre burlesque, on en ressortirait un peu sonné. Cette respiration permet d’apprécier d’autres couleurs, dans ce tableau d’excellente facture.
Auteur : Collectif Campe
Artistes : Anne-Sarah Faget, Morgan Pihet, Anna Ten
Metteur en scène : Anna Ten
Du jeudi 23 novembre 2017 au vendredi 29 décembre 2017
Théâtre La Croisée des Chemins, Paris