Fils unique, Alain n’a jamais vu personne d’autre que sa mère jusqu’à l’âge de six ans. Pas un père fouettard, pas une grand-mère gâteuse, pas une tante protectrice, pas même un cousin lointain. Personne, juste lui et sa mère. Ceci peut sans doute expliquer ses problèmes relationnels. Surtout avec les femmes. En fait, Alain souffre d’inconstance féminine. Il quitte pour un oui pour un non. Evidemment, son psychologue en reste sans voix. Sa mère demeurerait la seule femme de sa vie, l’unique, l’incontournable. Mais alors qu’elle est à l’article de la mort, Alain tombe amoureux des petites jambes d’un homme de taille normale. Une disproportion qui va le bouleverser jusqu’à l’obsession. Alain va donc tout mettre en œuvre pour rencontrer cet homme à la démarche si émouvante. Pendant ce temps, sa mère agonisante souffle ses dernières volontés à Eléonore, voisine attentionnée qui va bientôt hériter d’une petite fortune. Alors que toute sa vie a été organisée autour de sa mère, Alain manque les dernières minutes de sa vie. De quoi rendre fou. Désormais, la vie d’Alain va radicalement changer...

Le premier roman, dit-on, est plus facile à écrire que le second. Suivant cet adage plumitif, on peut se demander ce qu’Entre les oreilles a à envier à Inversion de l’idiotie (tous deux chez Gallimard). Rien, semble-t-il. Le second roman de David Foenkinos est aussi irrésistible que le premier. L’incongruité de l’histoire, l’improbabilité des obsessions des personnages, en font tout le charme. Ce livre baigne dans un flou artistique qui renforce la plongée dans un univers littéraire. Mais à y regarder de plus près, en lisant entre les lignes, ce monde totalement insolite où tout semble possible d’un jour à l’autre n’est pas si éloigné du monde contemporain fin de siècle.

Véritablement romanesque et loufoque, ce livre fait rire. Pas un rire sardonique, non, un rire naturel proposé par un écrivain plein d’humour qui se contente d’amuser, sans excès ni lourdeur. Mais plus qu’un simple livre comique, c’est une véritable œuvre littéraire d’une écriture maîtrisée, dense et incisive. Les phrases sonnent juste. En fait, il semble, étrangement, que ce sont des mots mis en histoire et non une histoire mise en mots.
David Foenkinos, avec Entre les oreilles, tape dans le mille. A quand le troisième roman ?