Le 30 novembre 2017


- Scénariste : Jérôme Hamon>
- Dessinateur : Antoine Carrion
- Collection : Métamorphose
- Genre : Aventure, Science-Fiction
- Editeur : Soleil
- Famille : BD Franco-belge
- Durée : T.2
La superbe série Nils se poursuit et s’affine.
Dans les territoires du Nord, où la vie naturelle semble agoniser, le jeune Nils arrive aux abords d’Yggdrasil, l’arbre originel. Quand son père doit affronter les hommes et leur cupidité, lui fait face aux dieux et à leurs ruses, tandis qu’Alba, une rebelle, affronte à la fois ses démons du passé et les nouveaux dangers à venir. Les destins qui s’étaient éloignés vont se croiser, et ce dès le tome 2, qui prend une dimension à la fois épique, avec l’intervention des déesses anciennes de manière concrète, mais aussi de science-fiction (ou d’anticipation), avec la révélation sur l’origine de la vie, qui peut être utilisée et modelée. Deux pistes qui prouvent bien la complexité de cette œuvre, assez insaisissable : mélange de réalité une chronique nordique, voire d’anticipation cataclysmique, la mythologie viking se croise avec celle plus japonaise des esprits de la forêt de Princesse Mononoké. Difficile de deviner les influences qui déterminent cette histoire ou d’en prédire la fin, et ce second tome complique encore les choses, puisque des personnages s’épaississent, comme l’éponyme Nils, tandis que son père tend au contraire à s’effacer. L’action n’est pas en reste, moins homme contre la machine du premier opus, mais plutôt dans l’homme face à lui-même et une dimension divine rarement observée dans le genre. Le côté La Route laisse place à une vision plus éloignée de la survie pour se rapprocher des standards SF, où un empire écrase toute forme de rébellion avec cynisme et en cachant la vérité. Du coup, la suite s’annonce tout aussi alléchante...
© Soleil
L’ambiance graphique participe grandement à donner envie au lecteur de continuer dans cet univers. Sombre, faite de bleu et de nuit, de gris et de glace, a l’atmosphère qui engourdit peu à peu son lecteur. Pour preuve, des détails viennent le figer, lui rappeler d’un coup sec que cette histoire, même si son héros est encore un gosse et les déesses ont l’apparence d’adolescentes, n’est pas pour les enfants. En témoigne ce bébé qui pleure dans les bras de sa mère morte, et qui ne sera pas sauvé. On ne verra pas son visage, seulement une main tendue, ronde et blanche. Une pudeur rude, des temps morts qui contrastent avec l’élan et la fureur de certaines scènes où éléments et caractères se déchaînent. Un grand écart qui n’empêche pas une unité graphique envoûtante, à l’image des personnages, très charismatiques pour les héros, détestables pour les mauvais, par l’intermédiaire de traits, de couleurs et d’ombres subtilement utilisés.
© Soleil
D’une série qui promettait beaucoup avec un tome 1 séduisant, Nils est devenue une série qui apporte beaucoup, avec une tome 2 plutôt épatant. Les pistes se multiplient tout en se rapprochant, et le tout sera de savoir quel nombre de tomes sera plus adapté pour en faire une série qui se classera comme culte.
66 pages - 15,50€