Le 12 novembre 2020


- Dessinateur : Fabian Menor
- Genre : Conte
- Editeur : La Joie de Lire
- Famille : Littérature jeunesse
- Date de sortie : 21 octobre 2020
Un émouvant et poignant récit consacré à la maltraitance à l’école.
Résumé : Dans sa petite école de village, Élise est une élève comme les autres, ou presque. Son institutrice l’a pris en grippe, et ce n’est pas le soutien de son chien Dick qui peut la rassurer, car les cauchemars ne cessent de s’amplifier, à l’instar des brimades de « la pionne ». Entre ses paroles avec les animaux et ses liens avec ses parents et amis, tout va peu à peu s’emballer.
Dans cet album jeunesse qui peut paraître comme un mélange de Cendrillon et de Vallès, les thèmes des mauvais traitements, de l’humiliation et l’injustice sont finement amenés, sans grande péripétie, mais avec une violence dissimulée. En voyant que c’est un jeune auteur qui accouche d’une œuvre si mature, on se dit que c’est forcément du vécu, et effectivement, en comprenant que c’est l’histoire de sa grand-mère qui est narrée ici. Dès lors, le décor de cette école de campagne de début du XXe siècle, cette ambiance surannée, et même l’utilisation du noir et blanc, tous les choix concordent, et on s’éloigne du conte (où les animaux sont doués de la parole) pour se concentrer sur une douce chronique sociale. Bizarrement, le plus étrange n’est pas la capacité de l’héroïne à dialoguer avec son chien ou sa chèvre, mais bien les sombres rêves qu’elle subit, en forme de prophéties ou de catharsis de tout ce qu’elle vit dans la journée. C’est peut-être là que réside le dernier fragment d’un univers mystérieux, proche du merveilleux ou du fantastique…
Fabian Menor / La joie de lire
Ce côté fantastique des cauchemars est amplifié par le traitement graphique de Fabian Menor, qui donne un cadre très austère et précis à la réalité et le jour (vêtements, salle de classe…) et semble se laisser aller pour la nuit, donnant un courant, une vivacité maléfique à ces pages. Malgré le noir et blanc, l’ensemble est clair, ne jouant que peu sur les contrastes dans les pages. Alors qu’on aurait pu s’attendre à davantage d’effets, l’auteur a semble-t-il voulu jouer la simplicité, l’humilité du style pour raconter une histoire où il n’est pas question de destin, mais de petite vie timide, où un chien ou une limace peuvent acquérir une belle aura.
Fabian Menor / La joie de lire
Entre le conte et le roman d’apprentissage, c’est peut-être la fable biographique qui conviendrait le mieux pour saisir Élise, tant ce petit récit mêle les genres et casse les codes pour aboutir à un album élégant, dans le style et l’histoire.
104 pages - 17,90€