Brûlant comme l’enfer
Le 3 janvier 2007
Un diamant noir comme l’enfer qui plonge dans des méandres intenses. Johnnie To à son meilleur.
- Réalisateur : Johnnie To
- Acteurs : Nick Cheung, Louis Koo, Tony Leung Ka-fai
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Action, Triade
- Date de sortie : 3 janvier 2007
- Festival : Festival de Cannes 2005, Sélection officielle Cannes 2005
– Durée : 1h41mn
– Titre original : Hak seh wu
Un diamant noir comme l’enfer qui plonge dans des méandres intenses. Johnnie To à son meilleur.
L’argument : Les grandes figures de la Wo Shing Society, la plus ancienne triade de Hong Kong, s’apprêtent à élire un nouveau leader. Des rivalités naissent entre deux candidats. L’un est très lié aux traditions de la triade, l’autre veut les bouleverser, quitte à utiliser la violence et la fraude.
Notre avis : En voulant traiter des triades sur un ton réaliste, To n’a pas envie de céder aux lois du prosaïsme âpre et préfère se souvenir que l’absurdité drolatique est parfois la meilleure amie du réalisme glauque (un mafieux tabasse un homme avant de se rendre compte qu’il appartient au même clan que lui - celui-ci se relève sans la moindre égratignure). Election reflète ces intermittences dans une sarabande hoquetante et enivrante ; un film de genre qui se soucie autant de son atmosphère torve que de ses personnages corrompus jusqu’à l’os.
A la lisière du documentaire, l’opus tourne autour d’un seul sujet : la rivalité, provoquée par l’élection d’un nouveau délégué au sein d’une triade. La caméra de To scrute les visages faussement impassibles, les soubassements secrets, ferments de la jalousie latente, les trahisons pléthoriques et de micro-intrigues périphériques qui viennent générer de sacrées interférences. Parallèlement, le cinéaste distille un suspense coriace avec un enjeu dramatique solide (quête d’un sceptre ancestral volé, garant de l’autorité dudit nouveau délégué) qui permet quelques rebondissements surprenants dont le plus gonflé reste sans conteste la scène finale, la plus ardue parce que la plus choquante, d’une grande violence physique et morale, qui marque le retour littéral à la bestialité. Dans ses meilleurs moments, le résultat évoque le Scorsese des Affranchis (Big D., le caïd atrabilaire et ingérable, est un personnage foncièrement scorsesien).
On est confronté au cas de Kill Bill : le film d’origine qui dure quasiment trois heures a été divisé en deux et réduit de sa moitié (il ne fait plus qu’une heure et demie). Sa suite Election 2 offre quelques éclaircissements. Pourtant, les questions que To pose dans la première partie d’Election sont sans équivoque : comment la cupidité et la rivalité peuvent conduire des gens à se corrompre ? Dans quel but un homme désire-t-il avoir accès au pouvoir ? Enièmes réflexions sur la dégradation de l’homme par l’homme ? Oui, sans doute mais pas que ça.
Toute la puissance du nouveau film de Johnnie To réside dans une virtuosité stylistique hors pair. Sans doute que le réalisateur de Breaking news, l’un des meilleurs formalistes actuels, a cédé à la surenchère, parfois même à l’hystérie, mais la puissance diabolique de certaines séquences impressionne durablement l’esprit. On a parfaitement le droit d’en sortir perplexe (on peut trouver ça aussi virtuose que vain) mais également stupéfait par ce charivari radical, brûlant et noir comme l’enfer. Elégance et fluidité électrisantes de la mise en scène, chaos total dans la narration et scènes d’une crudité rare. Un cinéaste qui opte pour ce genre de cinéma vivant, audacieux et décomplexé ne peut pas signer un mauvais film. La preuve, Election, ballet à feu et à sang, précipité vorace voire cannibale, est loin d’en être un.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Norman06 22 avril 2009
Election 1
Bon polar d’un maître asiatique. Le scénario manque parfois de limpidité mais les séquences d’action sont remarquablement filmées.