Le 11 septembre 2015
Le portrait tendre et fin d’une personnalité hors du commun.
- Réalisateur : Laetitia Carton
- Acteur : Edmond Baudoin
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Durée : 1h18mn
- Date de sortie : 30 septembre 2015
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Le portrait tendre et fin d’une personnalité hors du commun.
L’argument : Edmond Baudoin est auteur de bandes dessinées. Il signe ses livres Baudoin. Moi, je l’appelle Edmond. La matière première de ses livres, c’est lui, sa vie. Il a été l’un des premiers à introduire l’autobiographie dans la bande dessinée. À Villars, son village du Var, devant un mur de pierres, Edmond peint, il marche, il danse, il aime.
Notre avis : On avoue ne pas connaître les BD de Baudoin. Le documentaire, occasion de compléter notre culture, se présente comme le portrait d’un dessinateur, d’un homme, d’un artiste : car « Edmond » ne se laisse pas enfermer dans une catégorie ; ce singulier personnage , et d’abord par son parcours de vie, se révèle peu à peu dans le film. Comptable jusqu’à trente ans, il a tout abandonné pour vivre, mal au début, de ses dessins. Le voir créer en direct (toute proportion gardée, on est dans le même procédé que Le Mystère Picasso, de Clouzot) est un vrai bonheur, tant son geste sûr et la découverte progressive de l’œuvre tiennent du miracle ; dessiner est pour lui un mode de vie et il n’arrête pas, au sol, sur papier, devant des enfants, seul, sur un mur... Plus qu’un métier, c’est un art de vie, qui se confond avec la danse et la musique, mais aussi avec une « philosophie », qu’une série d’aphorismes construit au fil du documentaire. Bien sûr, tout n’est pas du même niveau, et chacun fera son choix entre « On peint avec ses faiblesses », « La fonction de l’être humain est de permettre les passages », « on devient soi en étant un paysan, en cherchant notre terre », par exemple. Mais, à l’image du mur de pierres que construit Edmond, ces faux proverbes s’imbriquent pour donner matière à la découverte de leur auteur comme à la réflexion.
© Kaléo Films
Dans ce portrait sensible, le dessinateur apparaît comme un amoureux de la vie, perpétuellement émerveillé. Il regarde, et ce regard pénétrant, qu’il le pose sur l’homme ou la nature (présence majeure), nous incite à mieux voir. On se délecte du passage du plan fixe à l’image, ou de cette question faussement naïve : « Qu’est-ce qu’on regarde quand on regarde la mer ? ». Mais cette belle manière de vivre, on le comprend en deux séquences poignantes, repose sur une faille, qu’Edmond évoque avec pudeur, en mots simples et forts.
Par ailleurs, le documentaire contient sa propre mise en abyme : le dessinateur évoque le fait qu’un portrait est toujours un auto-portrait, mais aussi qu’on ne connaît jamais véritablement une personne. Lætitia Carton se révèle sans doute en même temps qu’elle regarde Edmond se déshabiller physiquement et moralement, mais au bout du compte, le personnage reste une énigme, que l’on ne fait qu’approcher. C’est la belle et indépassable limite du film. Reste que, par touches délicates, la réalisatrice réussit le portrait sensible d’un homme attachant, en le suivant pas à pas à l’aide d’une caméra aussi attentive qu’admirative.
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