Le 4 mars 2023
Un film authentique et sincère dans lequel Almodóvar se met à nu de façon pudique. Un aveu d’humilité, un tour de force émotionnel où se croisent grandeur et décadence.
- Réalisateur : Pedro Almodóvar
- Acteurs : Penélope Cruz, Antonio Banderas, Cecilia Roth, Leonardo Sbaraglia, Nora Navas, Julieta Serrano, Asier Etxeandia, César Vicente
- Nationalité : Espagnol
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h52mn
- Date télé : 4 mars 2023 21:00
- Chaîne : OCS Choc
- Titre original : Dolor y Gloria
- Date de sortie : 17 mai 2019
- Festival : Festival de Cannes 2019
Résumé : Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.
- Copyright Pathé Films, 2019
Critique : Avec un titre à la Tolstoï, Pedro Almodóvar signe et assume un film très personnel au point qu’Antonio Banderas, au-delà d’être le double spirituel du réalisateur, en adopte aussi le physique. Entre thérapie, confession et lente remontée vers une surface fragile, les héroïnes sont omniprésentes : la drogue, la mère, une comédienne qui devient assistante personnelle...
Almodóvar partage une grande délicatesse, sensiblement différente de ses précédents films, plus crus. Comme des tableaux vivants, il nous présente de beaux et poignants moments de relations humaines : le croisement entre un personnage qui sombre et l’autre qui émerge, l’inversion des rôles et des places, les échanges entre un maçon dessinateur et analphabète et un enfant professeur, l’insolation des premiers émois... Maux du corps et souffrance morale expriment la douleur d’être et la gloire de se surpasser. L’enfance est présentée comme une fertilité, une source intarissable, un état d’esprit qui ne voit pas la misère. Souvenirs légers et pesants sont disséminés comme une addiction à la mélancolie. La recherche de l’apaisement passe par les règlements de comptes, le face-à-face avec la dépression, la force de créer, étonnante et mystérieuse, plus stupéfiante que la drogue.
- Copyright Pathé Films, 2019
En compétition officielle du Festival de Cannes, Douleur et Gloire dévoile petit à petit une intimité troublante qui ne se vautre pas dans l’exhibitionnisme.
Incarnée comme une icône envoûtante par Penélope Cruz, la mère de l’artiste est à la fois aimante et dure, intrusive et pudique. On peut imaginer les tourments du réalisateur pour lui redonner chair et vérité.
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ceciloule 29 mai 2019
Douleur et Gloire - Pedro Almodóvar - critique
Je partage entièrement votre avis. Humilité et finesse sont les maîtres mots de cette autobiographie. Antonio Banderas est impressionnant et sa performance est d’autant plus notable qu’il n’a pas voulu aller jusqu’à copier les attitudes du réalisateur bien que ce dernier lui en ait donné l’autorisation. Il se démarque donc tout en rendant hommage à Almodóvar, surtout grâce à son regard qui véhicule tant de douleur et de désir passé (plus d’infos ici)
Lina-Estelle 19 juin 2019
Douleur et Gloire - Pedro Almodóvar - critique
L’impartialité du réalisateur vis-à-vis de tous les personnages est sublime.
On ressent un profond respect pour tous les personnages, voire parfois de la pudeur comme pour le rapport avec la mère. Almodovar tend vers la justesse à chaque instant. Chaque image est étudiée, chaque mot. L’appartement de Salvador Mallo est une réplique de l’appartement du réalisateur. Certains mots de sa mère sont ceux qui ont été prononcés par elle. On ressent cette vérité dans la réalisation qui tend vers la justesse car elle la recherche.
Les thématiques sont nombreuses (le rapport à la vie, la douleur, la drogue, les désirs, la mort, les regrets, la gloire passée et j’en passe) et puissantes. On frôle le sur-régime émotionnel ce qui m’a laissé paradoxalement de marbre. En effet, les scènes émotionnellement fortes se superposent pouvant créer un sentiment de froideur, de distance. Mais un des talents de Pedro Almodovar est son rapport au souvenir. Tout ce qui relève de cette notion est à interroger. C’est très intéressant. En résumé, on est face à un joli scénario, réaliste qui tend vers la justesse, vers la simplicité de la vérité.