Le 25 août 2017
Une édition superlative d’un chef-d’œuvre âpre et sans concessions.


- Réalisateur : Akira Kurosawa
- Acteurs : Yoshitaka Zushi, Kin Sugai, Toshiyuki Tonomura
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 2h19mn
- Date de sortie : 1er septembre 1970

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– Sortie Blu-ray : le 30 août 2017
Résumé : Oku-Chan est un jeune garçon qui vit dans un bidonville. Pour s’évader d’un quotidien sinistre, il s’imagine être aux commandes d’un tramway comme il y en a en ville, et sillonne le dédale des bas-fonds, sans prêter attention aux ricanements des gamins moqueurs. Il y fait d’ailleurs d’étranges rencontres. Près des poubelles, un clochard et son fils en quête d’un monde luxueux, là une jeune fille qui fabrique des fleurs artificielles... Pendant ce temps, le médecin du quartier refuse de dénoncer un voleur à la police, sauve un désespéré du suicide, désarme un ivrogne... Autant d’exclus, de déclassés, d’alcooliques et de rêveurs dont les destins de solitude vont peu à peu se croiser.
Le film : On avoue une tendresse particulière pour ce film mal-aimé et mal aimable, rugueux et presque expérimental, qui clôt la « tétralogie de la misère », thème sur lequel Kurosawa ne reviendra plus ; sans doute lui avait-il trop coûté. On comprend son échec en le revoyant, tant il ne souffre aucun compromis dans sa vision désespérée et esthétique ; œuvre suicidaire, jusqu’au-boutiste, Dodeskaden fait une nouvelle fois la preuve d’une maîtrise presque hautaine, certes habituelle chez le cinéaste, mais encore plus poussée par des partis-pris audacieux (travail sur la couleur, longueur des plans …). Du grand art.
Les suppléments :
On apprendra beaucoup à la lecture du beau livret signé Christophe Champclaux : du sujet tabou de la misère aux conditions de tournage et aux difficultés à faire un film, de l’esthétique à la réception en passant par le livre d’origine, c’est un ensemble cohérent, complet et passionnant. La galette elle-même propose, outre la bande annonce, trois documentaires déjà présents sur l’édition DVD : Kurosawa passe à la couleur, (36mn), un entretien avec son fils (39mn), puis avec sa fille (13mn) ; le premier revient sur des années difficiles, les deux suivants dressent un portrait complexe du cinéaste en tant qu’homme.
L’image :
Certes, ça grouille parfois un peu trop et de légères fluctuations altèrent certains plans, mais l’image est propre et la colorimétrie impeccable ; c’est l’essentiel pour un film aussi formaliste.
Le son :
La seule version disponible, en VOST mono, en dépit de quelques acidités anecdotiques, restitue admirablement les nuances des dialogues, du cri au chuchotement ; on n’en demande pas plus.