Diwan 2

Rachid Taha signe avec Diwan 2 un album hommage à la culture de l’exil maghrébin des années 60, mais aussi une invitation à danser dans ses pas.

En cette période de reconnaissance, par notre président du rôle des "indigènes" dans la guerre 39-45 (vivement le film sur les événements de Sétif du 8 mai 1945 pour que M. Chirac verse une larme sur les victimes "indigènes" de cette république fraîchement libérée), Rachid Taha sort Diwan 2, un disque hommage à une culture de l’exil maghrébin des années 50-60. À cette époque, Khaled et Cheb Mami sautaient encore sur les genous de leur maman et Carte de séjour n’évoquait rien de plus qu’une formule administrative. Les artistes maghrébins, kabyles ou arabes, masquaient leur origine derrière des pseudonymes occidentaux pour accéder à une certaine popularité, comme Laïd Hamani plus connu sous le nom de Victor Leed. Pour les autres, leur carrière se limitait aux bars et petites salles des quartiers situés entre Nation et Barbès.
Rachid Taha qui a souvent éclairé l’héritage de la tradition musicale maghrébine (dans son premier album Barbès ou le premier volume de Diwan) redonne vie à des petites perles dansantes et amusantes comme Écoute-moi camarade signée Mohamed Mazouni, promoteur du yéyé algérien. Accompagné par l’orchestre de cordes du Caire et la mandole du virtuose Hakim Hamadouche, il reprend des standards de la musique oranaise comme Mataouel dellil. L’hommage passe aussi par les sonorités perdues comme celles du gasba (flûte de roseau) ou du guellal (percussion) sur Joséphine. Taha n’oublie pas les classiques : Gana el hawa rendu célèbre par le dandy égyptien Abdel Halim Hafez ou encore Ghanni li swaya popularisé par Oum Kalsoum. Et il ne faut pas manquer Agatha dans laquelle Rachid Taha, avec un accent noir-africain, réduit avec humour le racisme. Mais finalement au-delà de l’intérêt musical n’est-ce pas le but non avoué de Diwan 2 ?