Disparition de Michel Aumont

News : Quand on évoque Michel Aumont, on retient évidemment une carrière théâtrale exemplaire, de son entrée au Conservatoire national d’art dramatique, jusqu’aux rôles interprétés sur scène, d’abord en tant que pensionnaire, puis sociétaire de la maison de Molière. Cet homme, totalement dévoué à son métier, ne voulait pas qu’on parle de lui en dehors de ses personnages. Il y a quelques années, une journaliste avait entrepris de lui faire raconter ses souvenirs, comme le font tant d’autres comédiens et comédiennes. La séance de travail fut brève. Aumont n’avait rien à dire de personnel. Ou gardait pour lui la part intime de son existence, ce qui n’est pas une moindre qualité.
De sa trajectoire professionnelle impeccable, on retiendra évidemment le rôle d’Harpagon qu’il interpréta pendant vingt années, de 1969 à 1989, lui conférant une fragilité réelle sous le masque de l’archétype. Mais de 1955 à 2015, il participa à toutes les grandes pièces du répertoire classique ou contemporain, celles de Shakespeare, Rostand, Ionesco, Pirandello, Sophocle, Strindberg, Beckett, Sartre, Giraudoux, Pinter ou Arrabal, pour ne citer qu’eux, passant avec aisance de la comédie à la tragédie.
L’acteur avait remporté quatre Molières et avait été nominé trois fois pour le César du second rôle masculin. Au cinéma, sa large palette lui permit d’incarner des personnages aussi variés que le pusillanime et grotesque Brochard dans Coup de tête, le hiératique Gonzague d’Un dimanche à la campagne ou le libidineux directeur Bruno Ketti de Cours privé, le film de Pierre Granier-Deferre. Dommage que le septième art n’ait pas davantage exploité un si grand talent, en lui offrant des rôles plus saillants et mémorables.
Michel Aumont travailla aussi de nombreuses fois pour la télévision : on retient notamment sa prestation dans Les dames de la côte de Nina Companeez, où il campait un bourgeois de province, ainsi que sa participation à la série télévisée Le comte de Monte-Cristo, où il jouait avec une vérité troublante l’infâme baron Danglars.