Une image est une image
Le 16 septembre 2010
Un jeu subtil et déroutant, intégrant des prises documentaires à un dispositif de fiction pour un procès qui n’est pas sans évoquer Kafka et le Surréalisme.
- Réalisateur : Ferdinand Khittl
- Acteur : Friedrich Joloff
- Genre : Expérimental
- Nationalité : Allemand
- Editeur vidéo : Filmuseum
- Plus d'informations : http://www.choses-vues.com/blog/200...
L'a vu
Veut le voir
– Durée : 1h23mn (DVD)
Un jeu subtil et déroutant, intégrant des prises documentaires à un dispositif de fiction pour un procès qui n’est pas sans évoquer Kafka et le Surréalisme
L’argument : Cinq hommes, cinq membres d’une « société » regardent pendant trois nuits, sous la houlette d’un « Secrétaire », 308 « documents » filmiques de la vie d’une « personnalité problématique » dont, au final, on se saura rien. Ils doivent leur trouver un ordre, donc un sens. Nous ne verrons que 16 documents. Le film commence avec la fin de l’un d’entre eux et de la deuxième nuit. La troisième commence. L’absurdité de la mission, comme la menace de mort qui pèse sur l’existence des personnages, assis dans le théâtre nocturne d’une immense salle, sont données d’entrée de jeu. Nous apprenons dès le début que les jurés, qui l’ignorent, seront tous exécutés à la fin, comme leurs prédécesseurs !...
Notre avis :
Grand prix du Festival du cinéma expérimental de Knokke-Le-Zoute en janvier 1964, Die Parallelstraße est effectivement une expérience cinématographique tout à fait singulière.
La notion de dispositif y occupe une place centrale et celui qu’installent les auteurs est à la fois rigide et totalement ludique. Car si la règle de base est scrupuleusement respectée (des documents filmés en 16mn couleur lors de voyages aux quatre coins du monde, de Brasilia à Sidney, sont visionnés comme autant de pièces à conviction par un comité chargé d’en dégager un sens ou de trouver un coupable), les variations auxquelles elle se prête sont innombrables.
Le commentaire, affectant un ton d’un sérieux imperturbable, mais souvent à la limite de l’absurde (le discours grandiloquent accompagnant les vues de l’autoroute sur la mer qui conduit à la demeure du prisonnier - en fait un poisson dans un aquarium), le montage qui associe étroitement des lieux éloignés les uns des autres (Leptis Magna, Machu Pichu, Angkor et le désert australien), la parodie de film industriel ou de documentaire genre Connaissance du Monde sont autant de facettes d’un véritable délire interprétatif qui se mord la queue et débouche immanquablement sur la tautologie (Une route est une route, un pont est un pont, ...etc) et sur le constat de l’opacité totale d’images qui ne disent rien (ou tout ce qu’on voudra leur faire dire).
Die Parallelstraße , jeu raffiné aux allures kafkaïennes mâtinées de surréalisme (avec un zeste d’existentialisme), est stimulant, drôle, inquiétant, voire perturbant. Il n’a pas vraiment d’équivalent au cinéma même si on peut le rapprocher de Greenaway (un peu), de Ruiz (davantage) ou de certains films tchèques .
— -
Le DVD
Une édition DVD exemplaire de Filmuseum est disponible en France auprès de Choses vues. .
Les suppléments
C’est une véritable édition critique que nous propose ici Filmuseum :
– Un livret d’accompagnement illustré contient trois analyses critiques fort éclairantes : deux en allemand (non traduites) et une troisième en français, de Robert Benayoun, écrite au moment de la sortie du film en France , en 1968. Les biographies des auteurs sont, elles, traduites en français.(Sur le blog de Choses Vues on trouvera des informations complémentaires.)
– Le DVD propose en complément de programme de remarquables courts-métrages de commande, en couleur, réalisés par Khittl dans les années 50. Qu’il s’agisse des célébrations du huit-centième anniversaire de la ville de Munich, de la Fête de la Bière ou du jubilé de la bande magnétique BASF, on retrouve partout une inventivité formelle et un humour qui font de ces courtes bandes des modèles de didactisme ludique.
– Deux brefs extraits d’émission télévisée nous montrent Khitll, signataire du manifeste d’Oberhausen en 1962, en héraut du cinéma d’auteur moderne.
– Une partie ROM contient de précieux documents textes en fac similé ( scénarios annotés, programmes...) ainsi qu’une bande annonce audio.
Image
La copie a visiblement été restaurée et permet de profiter des belles couleurs du 16mm Ektachrome qui alternent avec un noir et blanc contrasté de belle tenue. Le report sur DVD est irréprochable.
Son
La bande originale allemande en dolby digital 2.0 est très propre et parvient à donner l’illusion d’une véritable perspective sonore malgré le son mono. Seuls des sous-titres en anglais sont proposés. La version française d’époque est à déconseiller. Le doublage élimine toute spatialisation et uniformise, faisant disparaître les différences de timbres et d’accents entre les locuteurs.
Les courts métrages bénéficient, eux, de sous-titres français.
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.