Desmond et la créature du marais - la critique

Par l’auteur de la série culte Robin, une friandise légèrement poivrée qui ravira les petits monstres sans pour autant ennuyer leurs parents.

L’argument : Desmond le cochon et ses amis en ont assez : l’abominable créature du marais leur rend la vie impossible ; enfin... si elle existe vraiment, car personne ne l’a jamais vue ! Mais qui d’autre aurait pu chiper les pommes de Desmond, la collection de rouge à ongles d’Héléna l’élan, la guitare électrique de Willie le putois et les gants de boxe de Sébastien Lapin ? Non, vraiment, trop c’est trop ! Ensemble, ils décident de construire un piège : un piège à créature du marais...

Notre avis : En 1997 débarquait sur Canal + la série suédoise Robin. Un concentré trash et impertinent, pas toujours de bon goût, sur l’oisiveté urbaine d’un jeune paumé, dans le sillage de la cultissime Daria. L’originalité et le ton du programme mettent en avant son auteur, Magnus Carlsson, au point que ce dernier soit appelé par le groupe Radiohead pour réaliser le clip du magnifique Paranoid android.
Aujourd’hui, Carlsson nous revient avec un premier long-métrage d’animation destiné avant tout aux 3/6 ans. Il est étonnant de le retrouver aux manettes de cette production sympathique mettant en scène plusieurs animaux aux prises avec une créature cauchemardesque (réelle ou non) dans une forêt. Ce n’est pas sans rappeler l’univers de Winnie l’ourson, les similitudes sont d’ailleurs nombreuses. Mais contrairement à son cousin de chez Disney, Desmond est beaucoup moins hygiénique et ses amis n’ont pas tous un comportement irréprochable. C’est dans ces légers travers que l’on retrouve furtivement la patte de Carlsson. Ainsi, Desmond a des tendances exhibitionnistes inconscientes lorsqu’il se vautre dans son bain de boue, Sébastien Lapin est un boxeur surexcité qui n’hésite pas à s’inventer plusieurs anniversaires pour avoir des cadeaux plus souvent, Willie le putois joue du hard rock et devient méchant pour se faire remarquer, quant à Gérard Caribou, il cumule les mandats et est le seul à approuver des lois qu’il édicte d’ailleurs lui-même. Il y a même une scène peu ragoûtante dans laquelle un personnage est victime d’une crise aiguë d’aérophagie rutilante.
Carlsson ne prend pas les gamins pour des idiots et joue volontiers sur leur méchanceté involontaire, leurs peurs et leurs doutes, tout en leur concédant quelques moments pipi/caca dont ils sont friands (cela nous amuse aussi beaucoup !). De plus, le cinéma n’est pas oublié : l’animation en volume avec des marionnettes en plastique est très réussie et le film propose également une première réflexion sur la notion de flash-back à destination de nos petits monstres. Que demander de plus ?

– Le test DVD