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Le 20 juillet 2006
Anthologie réussie d’une aventure dans les marges de la production française.



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Anthologie réussie d’une aventure dans les marges de la production française.
Bonne idée des éditions Ginkgo de donner Des nouvelles de Deleatur, du nom de cette "aventure éditoriale en marge de la production française" qui a couru de 1978 à 2003. Vingt-cinq années et plus de deux cents titres parmi lesquels cette anthologie a retenu treize - bonnes - nouvelles, certaines meilleures que d’autres. Parmi celles-ci, La paroi, de Yak Rivais, et Le pourpre et les gris, de Pierre Laurendeau, deux textes à l’étrangeté délicieuse qui battent froid l’ambition des hommes - le premier en la faisant escalader un mur sans fin, le second en la portant tout en haut de la hiérarchie d’entreprise pour la faire chuter en beauté.
Remarquables également, Comme le voyage était long, où Jean Cagnard imagine de curieuses retrouvailles entre un fils et sa mère qui disparaît littéralement, et Rose, Raoul et Courte-Queue, avec lequel Michel Valprémy, dans une langue d’une vigueur réjouissante ("Rose endure les sévices ordinaires : taille prise, mollets et tétons pincés, doigt à la raie. Elle ne répond pas coup pour coup aux insultes, aux rebuffades ; les maîtres las confondent souvent bestiaux et valetaille"), donne vie aux touchantes amours médiévales entre une laide à la belle crinière et une bête humaine.
Des nouvelles de Deleatur, éd. Ginkgo, coll. "Lettres d’ailleurs", 2006, 196 pages, 12 €