Le 17 janvier 2018
- Scénariste : Ed Brubaker >
- Dessinateur : Sean Phillips
- Coloriste : Elizabeth BREITWEISER
- Collection : Contrebande
- Genre : Policier
- Editeur : Delcourt
- Famille : Comics
- Date de sortie : 29 novembre 2017
Sombre polar mais brillant chef-d’œuvre !
Charlie est un scénariste en manque d’inspiration, qui après une énième fête de tournage, se retrouve au matin dans le même bungalow que la star du film en cours de tournage, étranglée. Un meurtre qui le plonge dans les affres de la lâcheté et du remords, jusqu’à une enquête pour trouver le coupable et une quête de rédemption. Plus qu’un polar, Fondu au noir est une plongée, un plongeon graphique dans l’univers sombre, sale et dépravé que l’affaire Weinstein a récemment déterré. La condition des femmes, les puissants exemptés de justice, les vents mauvais de la chasse au sorcière de Mc Carthy. Quand la mafia, le FBI se mêlent de tout, que peu un simple écrivain pommé, vétéran pas encore réadapté à la vie civile. L’année 1948 cache un paquet de cadavres dans les placards de chacun des personnages de ce monument en forme d’hommage inversé au cinéma hollywoodien, aussi pourri soit-il. De l’amour, il y en a peu, de la mort il y en a pas mal, de la haine encore davantage, tout tourne et retourne autour d’un fantôme, une jeune femme à peine froide et déjà remplacée, car the show must go on. Entre les timides appels à l’aide et les bravoures éphémères, chaque personnage de cette tragédie macabre porte sa croix et ses défauts, tentant d’éclairer le décor noir qui tient lieu de scène. En plus de reproduire une atmosphère historique et réaliste, Ed Brubaker ayant eu un oncle scénariste dépité de cette époque, il y a une poésie qui se dégage, non pas légère et lyrique, mais bel et bien pesante comme un couvercle baudelairien.
© Delcourt
Le dessin n’échappe pas à cette tonalité ambivalente : le noir est, comme le titre l’indique, la couleur ou plutôt l’absence de couleur envahit les pages, où le bleu, le jaune ou le rouge s’invite tour à tour, sur un costume, une chevelure ou un cou ensanglanté. Les yeux, souvent, échappent à la lumière, cachés derrière des lunettes, une main ou des paupières lourdes. Ainsi, les éléments, que ce soit les personnages, les décors, les flashbacks, tout se dévoile au fur et à mesure, comme un film qui glisse du générique vers les premières scènes. Certainement, de part son sujet, la technique est influencée par celle de son camarade du septième art. Plans changeants, dialogues sourds, apartés et contrastes évocateurs, les liens sont nombreux et les rappels soutenus. Normal, pas banal et forcément remarquable.
© Delcourt
Au-delà d’un bon polar, Fondu au noir est un sacré morceau d’histoire, une coupe en forme de plaie à vif dans le Hollywood méconnu, sale et nauséabond, mais qui donne un album complet, épais et pourtant savoureux. Du début à la fin, l’enquête sert de fil conducteur à une évocation de caractères et de situations terriblement intéressants.
386 pages - 39,95 €
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Galerie Photos
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