Le 7 juin 2019
Un spectacle mimé qui ne convainc pas.


- Metteur en scène : Ersan Montag
- Genre : Théâtre (spectacles)
- Salle de Théâtre : La Villette

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Résumé : Dans sa prochaine création De Living (Le Salon), Ersan Mondtag raconte les derniers instants de la vie d’une femme en mettant en scène deux danseuses jumelles, fortes personnalités de la scène hip hop bruxelloise.La pièce commence au moment où la femme rentre dans son salon, et finit par son suicide, dans cette même pièce, une heure plus tard. Ou bien est-ce l’inverse ? Si on prenait l’histoire à l’envers, aurait-on une influence sur son acte ? Serait-il compréhensible ? Ramènerait-on la femme à la vie ? Dans le théâtre classique nous connaissons souvent la fin avant que le spectacle ne démarre, et pourtant nous retournons voir ces pièces. Comme si on appréciait le sentiment d’inexorabilité et de fatalisme. Mais qu’en est-il de ce sentiment dans notre vie de tous les jours, dans notre société, dans notre politique ? Que se passe-t-il si nous ressentons ou prenons conscience de notre propre incapacité d’agir ? Le sentiment d’impuissance peut être paralysant et envahissant, aussi inévitable qu’une sentence de mort. Comment surmonter ce sentiment qui domine de plus en plus nos sociétés ?
Notre avis : Il est difficile d’en dire plus sur ce spectacle qu’il n’en dit lui même au spectateur. Ce mime synchronisé et muet ne trouve pas son audience et ne convainc guère. Pourtant, tout est là pour passer un bon moment : comédiennes appliquées, metteur en scène prometteur, riche décor, thème sociétal grave, régie impeccable. Deux femmes jumelles, rejouent chacune dans leur cuisine, digne d’un stand de vendeur de mobilier, les gestes de leur désœuvrement quotidien. Celui-ci mène l’une d’elle au suicide par le gaz. Comme devant deux écrans de télévision qui rejoueraient les instants du drame, la scène est jouée en boucle, en avant, en arrière, à droite ou à gauche, puis absolument synchronisée jusqu’au drame.
Le même jeu concomitant des comédiennes, s’il est amusant à vérifier pendant quelques instants, est finalement abîmé par la banalité des gestes qu’elles effectuent. Elles lavent une casserole, essuient un plan de travail. Leur désespoir semble déplacé dans cette interprétation colorée et poétique. Il permet à l’auteur d’extraire une dramaturgie impressionnante, à partir d’un geste monstrueux. Un peu facile ?
La salle est inondée de l’odeur de gaz. Amusante idée de mise en scène, qui plonge le spectateur dans l’angoisse et l’écœurement. Allons-nous tous décéder avec elle ? Cette odeur de souffre, est-ce du chiqué ? On se rassure. Le vrai gaz est inodore, pense-t-on. Un peu comme le spectacle qui, de ce sujet de souffrance, offre une présentation neutre.
Bien sûr, tout étant relatifs, les plus réceptifs sortiront de la représentation en criant au génie, les autres partiront avant la fin, sur un "au secours !".
Conception, direction, scénographie : Ersan Mondtag
Dramaturgie : Eva-Maria Bertschy
Avec Doris Bokongo Nkumu & Nathalie Bokongo Nkumu