"La difficulté n’est pas d’écrire, mais de vivre de telle manière que l’écrit naisse naturellement." Et qu’il coule naturellement aurait pu rajouter Philippe Jaccottet à ses mots qui résument l’entretien entre "un poète et un jeune homme" édité par Arléa sous le sobre titre De la poésie. Pas de prise de tête ni de grandes envolées lyriques dans ce court texte mais, à l’image de la poésie de l’auteur suisse romand installé dans le Sud de la France, une simplicité, une légèreté guidées par un principe : "S’il n’y a pas initialement émotion devant quoi que ce soit, il ne peut y avoir, il n’y a aucun mouvement vers le poème."
Evoquant l’influence, sur son oœuvre, de la nature et des haïkus - chemins vers une poésie où "il y aurait le moins d’images possible" -, Philippe Jaccottet prend aussi plaisir à refuser l’étiquette d’ascèse accolée à sa poésie. Les plaisirs de la vie lui sont trop chers, celui d’écrire aussi. Cela confine même à la paresse, note-t-il, précisant : "Disons passivité orientale, pas le moindre acharnement à écrire." Une invitation à goûter à cette poésie vers laquelle Reynald André Chalard s’était tourné en quête d’éphémère et de fugacité.