Le 11 novembre 2019
Pascal Couté, philosophe, professeur de cinéma, livre une analyse de l’inhumain chez Spielberg. Un livre démonstratif, qui cherche à dévoiler la pensée profondément humaniste chez un réalisateur jugé souvent (à tort ?) trop lisse.
- Auteur : Pascal Couté
- Editeur : Passage(s)
- Genre : Essai, Cinéma
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 1er octobre 2019
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : Cinéaste éclectique, passant sans difficulté d’un genre à l’autre, Steven Spielberg a trop souvent la réputation d’un réalisateur de grand talent mais aux idées simples, voire pauvres. Or, un examen un tant soit peu attentif de ses films révèle une véritable profondeur de pensée. Humaniste convaincu, Spielberg n’en reste pas moins obsédé par l’inhumain mais révèle un optimisme teinté de pessimisme, une lumière voilée par les ténèbres. L’étude d’un corpus circonscrit permet de mettre au jour une éthique et une métaphysique nuancées : loin de tout dogmatisme, l’humanisme spielbergien veut croire en l’homme, tout en étant lucide sur la difficulté d’une réconciliation de ce dernier avec lui-même et avec le monde.
Notre avis : Quelle unité dans l’œuvre de Steven Spielberg ? Quelques acteurs fétiches (Tom Hanks, Tom Cruise), des films familiaux, les monstres à l’écran ? Certes, on peut trouver des récurrences d’un long métrage à l’autre mais ce que l’auteur démontre ici, c’est que les films de Spielberg dépeignent avant tout les différentes facettes de l’humanité et à travers elle, l’inhumanité qui en surgit.
La démarche de Pascal Couté est avant tout philosophique. Aussi s’attache-t-il, dans un premier temps, à définir l’inhumanité : le non humain, la négation de l’humain et le dépassement de l’homme. Trois axes qui seront développés dans le corpus choisi. Comme dans tout sujet d’étude, ce corpus est circonscrit : douze films sont analysés. Ils relèvent du choix de l’auteur, classifiés en fonction des axes énoncés plus tôt. On y trouve donc Les Dents de la mer, A.I, Il faut sauver le soldat Ryan, La liste de Schindler… l’échantillon choisi mêle le cinéma de divertissement et le cinéma introspectif. Il s’agit d’un choix délibéré qui part d’un postulat presque évident : Spielberg sait faire des films, ils ont tous trouvé leur public, sans pour autant être rattachés à un genre ou une signature. En faire un objet d’étude revient donc à confirmer cette reconnaissance.
Là où Spielberg se veut accessible à tous, le livre s’adresse à un public spécifique. D’abord, par l’étude des œuvres elles-mêmes : sans avoir vu les films, impossible d’adhérer aux démonstrations. Le propos s’attache directement à son sujet : il ne s’agit donc pas d’analyser les films eux-mêmes, mais bien de démontrer en quoi les éléments qui le constituent caractérisent l’inhumain. Ainsi, on retrouve peu d’illustrations et celles qui existent sont publiées dans un format beaucoup trop petit pour être appréciées. Les références philosophiques sont nombreuses : on pense à Deleuze et à son analyse du cinéma, à Kant pour tout ce qui touche à l’altérité, à Spinoza pour sa définition de la place de l’Homme dans la nature… autant de concepts qui illustrent le propos de Pascal Couté et se retrouvent dans les films cités.
En six chapitres, le livre décrit l’inhumain, tel qu’il se retrouve dans les films spielbergiens : à savoir l’inhumanité morale, l’animalité, les machines, l’autre, la nature et finalement l’Homme. Le point commun est toujours l’Homme, à travers l’enfant, l’individu, le héros malgré lui, mais aussi, d’une manière indirecte, à travers l’environnement, que ce soit des machines, des dinosaures, la guerre. Tous les films sont réalisés de telle manière à souligner l’humanité. Dans Rencontre du troisième type, le propos ne concerne pas les extra-terrestres, mais bien comment la rencontre affecte notre humanité. Dans Minority Report, il s’agit de comprendre comment l’humain peut s’adapter à une société fondée sur le contrôle absolu et permanent. Quelle humanité ressort de toutes ces mises en situation ? Voilà, selon l’auteur, ce que veut mettre en lumière le réalisateur dans ses films.
A travers un thème original, loin des pensées habituellement associées à l’œuvre de Spielberg, Pascal Couté signe un livre d’étude qui parfois se perd dans une démonstration systématique. Son écriture manque de passion, là où le sujet l’appellerait davantage. Malgré ses défauts, la lecture reste intéressante et donne envie de revoir les films en question, pour mieux déceler la part d’humanité révélée à l’écran.
Auteur : Pascal Couté
Editions Passages –Focales
378 pages
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