Minority Report - Steven Spielberg - critique

Critique : Expérimentation. Le mot est lâché. Steven Spielberg veut désormais expérimenter, orienter son univers vers un cinéma plus adulte. Il avait déjà concrétisé cette volonté avec A.I. ; il la confirme un peu plus avec Minority Report. Car, si cette grosse production s’adresse au plus grand nombre, elle peut également surprendre par sa noirceur (la scène d’ouverture est un modèle du genre). Il est vrai que Spielberg effectue ici ses premiers pas dans le pur polar - dans le "whodonit ?" qui signifie littéralement "qui l’a fait ?". Mais plus généralement, le monde futuriste imaginé par le réalisateur est exempt de toute chaleur ; la paranoïa et la méfiance sont de rigueur. Un prolongement parfait de la nouvelle de Philip K. Dick qui a inspiré le film.
Mieux encore, Spielberg ne renonce pas pour autant à son envie de s’amuser avec sa caméra, avec les nouvelles technologies ou encore avec l’image de sa star (Tom Cruise la gueule de travers, c’est toujours réjouissant). Cela donne lieu à l’un des plans-séquences verticaux les plus spectaculaires du cinéma : celui où les spiders, petites araignées mécaniques, envahissent tout un immeuble. Qu’importe si les effets escomptés ne sont pas toujours réussis, si Spielberg plombe son film d’un humour à la Tex Avery : Minority Report est une course contre le temps palpitante qui flirte par moment avec le génie.

Les suppléments :
Il fallait au moins un second disque pour aborder absolument tous les aspects de la fabrication de Minority Report. Laurent Bouzereau, le documentariste attitré de Spielberg, s’est chargé de regrouper de nombreuses "featurettes" ayant trait à la technicité du film. Informatif, dans le sens promotionnel du terme, sans être réellement captivant. Seuls les sujets sur les effets spéciaux (spiders, usine de voitures, jet packs) sont dignes d’intérêt. Petit avertissement en revanche : n’achetez surtout pas ce DVD si vous pensez assister à une "discussion intense entre Steven Spielberg et Tom Cruise" comme l’annonce la jaquette : il s’agit en fait d’un vulgaire montage d’interviews séparées des deux stars.

Image & son

Dotée d’un master impeccable, cette édition collector bénéficie d’une image qui rend amplement hommage au travail de Janusz Kaminski, le chef opérateur. Elle permettra également aux dvdphiles de vérifier une théorie selon laquelle Spielberg aurait joué avec la notion de happy end. Les plus attentifs prétendent qu’il aurait modifié le traitement de l’image à la fin de Minority Report, laissant entrevoir un épilogue beaucoup plus pessimiste que prétendu.

Le DVD

– Edition collector 2 DVD
– Format cinémascope 2.35 16/9 compatible 4/3
– Chapitré
– Couleur
– Audio français, Dolby Digital 5.1, DTS 5.1
– Sous-titres français, anglais, néerlandais, grecs
– Accord parental