Le 11 janvier 2016

- Acteur : David Bowie
- Chanteur : David Bowie
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Nos vies ont été entièrement transfigurées par les sons doux dingues d’un Bowie protéiforme aux multiples talents, dont celui insatiable de la réinvention. Un artiste génial vient de nous quitter.
L’androgyne Ziggy Stardust des années 70, créature pop lisse des années 80, métamorphosé en expérimentateur destroy d’albums iconoclastes dans les années 90, a traversé les vies de générations d’amateurs de rock, pendant 50 ans. La surprise de l’annonce de son cancer qui a éteint le génie remuant d’un artiste de 69 ans, deux jours après la distribution de son nouvel album, est absolue, malgré quelques rumeurs persistantes.
Blackstar, titre funeste pour son album testamentaire, mais à l’inspiration démente, sous haute influence de fusion jazz, au royaume duquel le saxophone est roi, sort ainsi dans des conditions inhabituelles qui ne font qu’imprégner un peu plus les sons lunaires de ce trip musical d’une émotion saisissante.
’Tis a Pity, She was a whore, morceau clé de cet album, prend une tournure métaphorique où à l’image de la femme putain succède celle de l’étreinte mortelle. Le titre est un morceau de bravoure dans la carrière de l’artiste dont on aimera citer, sur 25 albums studio et une multitude de projets divers, des titres mythiques : Space oddity, Life on Mars, Heroes, Ashes to ashes, Under pressure, This is not America, Jump they Say, The Heart Filthy Lesson...
En 2013, la sortie surprise de son premier opus en 10 ans, après son accident cardiovasculaire sur la scène d’un festival, The Next Day, éblouit les critiques. Un concept accompagné de remixes, de vidéos fulgurantes où s’invitent quelques stars de cinéma allumées, puis d’une monumentale exposition qui pousse le concept de l’artiste caméléon un peu plus loin, ouvrant des archives à une génération extasiée par l’excentricité et la pluralité de ses talents.
S’invitant volontiers à la comédie, on le vit sur le grand écran sur des projets tous aussi excentriques, du film de science-fiction inclassable de Nicolas Roeg, L’homme venu d’ailleurs (1977) à Furyo de Nagisa Oshima (1983). Une référence. Quelques échecs marquants dans les années 80, le muppet show produit par George Lucas Labyrinth ou la comédie musicale rétro Absolute beginners, l’écartent du cinéma mainstream pour des incursions plus éparses et exigeantes : La dernière tentation du Christ, le film sulfureux de Scorsese (1988), une apparition chez Lynch dans l’inquiétant Twin Peaks (1992) et Le prestige de Nolan (2006) sont à mentionner.
Son rôle culte qui lui allait le mieux : vampire stylé auprès de Catherine Deneuve et susan Sarandon, dans Les Prédateurs. La classe.
Légende à la flamme éternelle, Bowie restera Bowie.